DN-MADe MENTION GRAPHISME

Design éditorial supports multiples

Lycée Argouges, Grenoble

Note de synthèse DN-MADe

Année 2023-2024

Comment se décentrer d’un rapport intime au kitsch pour pratiquer un design portant un message ?

Furby et Jonnhy

Noé Villequez

Sommaire

Remerciements

Abstract

Glossaire

Préambule

Introduction

1. Racines d’un phénomène aujourd’hui diffus

1.a. Le kitsch c’est laid... mais pas que, c’est un peu plus profond que ca

1.b. Critique du superficiel

1.c. Premiers contacts du kitsch avec la création.

2. Un reclassement du kitsch : se rapprocher de la pop-culture et des classes populaires (pour parfois s’en rééloigner)

2.a. La nostalgie : un phénomène permettant de mieux accepter le kitsch.

2.b. Culture de la célébrité : représentation excessive de vedettes

2.c. Le kitsch comme de l’art modeste

3. Le néokitsch au second degré

3.a. Les mèmes, le contrepied du kitsch de 100 ans : d’une imitation dans le paraître à du réemploi inhérent, entre amateurisme absurde et satire subversive

3.b. Tirer le trait : caricatures et kitsch, une mise en abîme du “trop”

3.c. Étude de cas : ironiser le kitsch sexiste/viriliste par le biais même de la vulgarité

Conclusion

Bibliographie

Remerciements

Je tiens en premier lieu à remercier l’équipe enseignante qui m’a soutenu dans ma rédaction et m’a incité à approfondir mes recherches et sans qui je ne me serais pas remis en question de nombreuses fois pour le choix de mon plan.

Merci à madame Audrey Balland pour m’avoir dirigé vers des références qui ont étés présieuses à mon analyse, à mes recherches et à la compréhension de mon thème, le kitsch ne se résume pas suelement au mauvais goût . Merci aussi pour m’avoir aidé à canaliser mon angle d’analyse sur le kitsch car c’est un bien vaste sujet. J’aurais sans doute, excessivement digressé sans son aide.

Merci à monsieur Jérôme Bedelet pour ses conseils et son ecouragement à remettre en question mon angle de recherche.

Merci à monsieur Jérôme Bedelet et madame Audrey Balland pour leurs relectures , leurs corrections analytiques, syntaxiques et orthographiques.

Merci à madame Noémie Kukielczenzky pour m’avoir donné des conseils pour mes expérimentations en pratique plastique. Expériementations qui ont tout d’abord servi à me libérer d’une pratique formelle du graphisme et à incorporer un thème qui me tenait à coeur dans des productions. Ensuite, ces expérimentations ont servi de matière à la discussion, à des échanges m’ayant apporté une vision plus large et nuancée sur le kitsch.

Merci à mon père Jérôme Villequez, qui a pris le temps de lire cette note de synthèse et d’y apporter des corrections orthographiques et syntaxique mais qui a aussi apporté des objections dont il m’a fait part.

Merci à mon ami Tao pour m’avoir parlé du lien que Milan Kundera entretenait avec le kitsch, cela peut paraître minime mais le regard qu’il a beaucoup influencé la construction de mon plan.

Enfin merci à mes camarades mais surtout amis de DNMADe mention mode et de promotion pour leurs relectures et objections. Merci pour cette ambiance de travail qui aurait été toute autre sans eux, je pense particulièrement à Flavien, André, Maxime, Florian, Chloé, Albin, Julie et Célia.

Abstract

I chose kitsch as the theme for this article because many of the designers I admire are linked with it.

I wanted to research and analyze it from a social angle the fact is I don’t think kitsch is only useful for addressing the question of personal taste.
How can kitsch be used for functional design ?

Many sociological studies and works have helped me in my research, but the book entitled The New Age of Kitsch stands out from the rest.

It was written by Jean Serroy and Gilles Lipotevsky, two sociologists from Grenoble. It gives an almost exhaustive list of the things in which kitsch is spread. If kitsch is so widespread, it’s because it’s a social phenomenon, not an artistic movement.
The plan I’ve drawn up is therefore in three main parts, leading progressively to answers.
The first deals with the roots of kitsch, contextualizing my very vague theme.
The second one deals with a major change in the meaning of kitsch during the mid-20th century, strongly linked to the consumer society.
The last deals with the humorous side of kitsch, especially the satiric one.

Glossaire

Désuet

Archaïque, sorti des habitudes, du goût moderne.

Saturation

rempli, imprégné à l’excès (de quelque chose)

Bien positionnel

Un bien dont la consommation n’apporte pas de satisfaction directe, mais une satisfaction dérivée de ce que la consommation des autres individus de notre groupe de pairs approuve.

nihilisme

Le nihilisme est la séparation entre les valeurs et les faits, et proclame l’impossibilité de hiérarchiser les valeurs. Cette position implique l’amoralisme et le scepticisme moral, il y a un refus de l’idéal collectif d’un groupe.

Violence symbolique

Notion qui désigne une forme de violence peu visible et non physique, qui s’exprime à travers les normes sociales et qui s’observe dans les structures sociales.

Idyllique

Qui rappelle l’idylle par le décor champêtre, l’amour tendre, les sentiments idéalisés.

Éclectique

définition philosophique : Qui emprunte des éléments à plusieurs systèmes.

définition individuelle : Personne qui n’a pas de goût exclusif, ne se limite pas à une catégorie d’objets.

Cheap

Bon marché et de mauvaise qualité

Babiole

Petit objet ayant peu de valeur.

Préambule

Les questions tournant autour du goût me facsinent depuis quelques années maintenant, depuis le jour où j’ai su faire la distinction entre : d’un côté, une production qui me dérange et sur laquelle je suis capable d’émettre un jugement, une critique claire, et, d’un autre côté, une production qui me dérange mais qui sucsite plus de questions que d’affirmations, qui me chatouille, qui me fait remettre en question le regard que je porte sur le monde. C’est en partie avec la musique du collectif Drain Gang, celle d’Hannah diamond,où encore film de Brazil de Terry gilliam que cette évolution de goûts esthétiques a commencé à se mettre en place. Les oeuvres que j’ai cité clivent souvent par leurs codes trasngressif ou avant-gardistes mais qui surtout, se rejoignent par un côté kitsch qu’elles portent à leur manière. Elles m’ont fait comprendre que le goût n’est pas quelque chose de fixé, on s’attache à des choses qu’on détestait on se lasse de chose qui nous étaient chères.

Je pense que cette question du gôut est essentielle pour la posture qu’occupent certains designers dont moi, mais elle ne se suffit pas à elle-même. C’est pour cette raison que le verbe décentrer est présent dans ma problématique et que l’angle d’analyse choisi est assez sociologique. Des designers qui se concentrernt sur l’aspect fonctionnel qu’apporte l’objet à l’usager sont nécéssaires, tout le monde ne peut pas produire de l’image gratuite.

Introduction

« C’est kitsch ! » une expression utilisée à tort et à travers, la plupart du temps pour dévaluer un objet aux codes esthétiques désuets, de « mauvais goût ».

Des sous vêtements léopard vulgaires, criards aux babioles niaises comme des petites sculptures d’anges en porcelaine, le même terme peut être employé pour les qualifier bien que ces objets ne partagent rien au premier abord.

Mais alors si le prisme de l’objet kitsch est aussi large qu’est ce qui l’est vraiment ? Ce phénomène clivant qui réside dans l’imaginaire collectif s’étend bien au delà de simples codes visuels (c’est d’ailleurs pour cette raison qu’on ne parlera pas de courant artistique), art de vivre ou de consommer, nous allons dans cette note de synthèse nous pencher sur l’évolution du kitsch au travers des âges : s’est il lissé pour survivre ? Ou au contraire, a t-il continué de transgresser ?

Mais surtout nous observerons le kitsch dans son aspect intimiste, du rapport individuel qu’entretiennent des acteurs de la culture avec ce dernier ? Comment, depuis une posture de créateur, peut-on s’élancer du tremplin qu’est le kitsch ? Comment, sans être dans un design commercial aliénant, amener une force de proposition kitsch qui soit personnelle, sincère sans perdre de vue une certaine valeur d’usage que l’objet proposé doit porter ?

Dans Notre première partie nous recontextualiserons le kitsch dans ce qu’il incarnait lors de son apparition vers la seconde moitié du XIXe siècle, Nous nous pencherons également sur les critiques faites à son égard, qu’est ce qui a fait que ce terme est perçu comme péjoratif ? Mais aussi sur son apparition dans le des arts et du design au XXe siècle. Cette dernière question ouvrira notre deuxième grand chapitre.

Dans un second temps donc, nous analyserons un changement radical du kitsch dans les années 1950-60 . Un reclassement et un certain rapprochement avec la société de consommation mais aussi avec la pop-culture. Nostalgie, culture médiatique et réemploi constituerons cette deuxième partie.

Enfin nous analyserons une sous-branche du kitsch particulièrement pertinente s’il on souhaite servir un message fort. Le kitsch humoristique, qu’il soit absurde, ironique ou satyrique. Nous verrons pourquoi cette forme là spécifquement est un moyen d’extérioriser clairement des idées à l’aide d’une forme de kitsch savant.

  1. 1.Racines d’un phénomène aujourd’hui diffus
  1. 1.a.Le kitsch c’est laid... mais pas que, c’est un peu plus profond que ca

Le kitsch, un mot dont l’origine est encore à ce jour, quelque peu floue. L’hypothèse la plus probable est qu’il tire ses racines de du verbe allemand verkitschen qui n’a pas de traduction littérale mais qui signifie ramasser des déchets dans la rue, « ou bien encore kitschen1 » qui lui signifie brader. Le concept apparaît au XIXe siècle, plus précisément entre 1860 et 1870.

Le kitsch tel que l’on le connaît aujourd’hui n’est pas le même qu’il y a 150 ans : à l’origine, il s’agissait pour les classes bourgeoises, d’un moyen ostensible pour se faire reconnaître comme tels en arborant et en consommant des biens manufacturés reprenant à moindre coût, les codes de l’élite aristocrate, notamment de l’art traditionnel. C’est ce que l’on appelle le Kitsch de cent ans2.

Par moindre coût, on entend par exemple du mobilier, des babioles et des structures d’époque tels que des cheminées qui imitent du marbre3 en peignant le bois ou encore de fausses grottes faites de ciment. C’est puiser dans des nouveaux moyens de production qu’apporte l’essor de la révolution industrielle et l’urbanisation des populations ; populations qui délaissent peu à peu le goût de l’artisanat pour un goût de la reproduction. Qu’importe si c’est inauthentique, c’est tape à l’oeil ,cela permet d’avoir un statut ostensible. L’objet kitsch trouve un équilibre entre l’esthétique qu’il imite et son bas coût de fabrication en série.

Ses mobiles de production ne sont pas purement esthétiques, l’objet kitsch devient un objet de valeur aux yeux de celui qui le consomme avec la tournure de bien positionnel qui lui est associée. C’est un besoin naif de ressembler à, un moyen de faire croire qu’il y a du bon goût alors que concrètement, le mobilier de ces individus était souvent simplement surchargé d’artefacts4 dont l’ecléctisme dérangeait le “bon goût” des classes dominantes. « C’est d’abord une affaire d’argent : la matière première ne vaut rien, le produit fini doit être lucratif pour le vendeur, et flatteur pour l’acheteur qui doit en avoir pour son argent. L’objet kitsch doit faire bonne impression. Il est tape-à-l’œil »5

La notion de saturation de l’espace, qu’il soit physique ou graphique, est récurrente dans le parcours du kitsch au travers des âges, elle découle de la période rococo (qui par ailleurs est aussi aujourd’hui un adjectif employé pour qualifier quelque chose de démodé/vieillot), avec des peintures pleines de bons sentiments et des cadres dorés aux ornements dorés excessivement massifs, débordants. L’autre mouvement dans lequel notre kitsch prend ses racines est le maniérisme, mouvement artistique qui apparaît vers la fin de la renaissance, il consiste notamment en des compositions sophistiquées mais le point intéressant est la stylisation excessive des poses représentées et des proportions humaines qui empiètent parfois sur le réel6,.

« Le kitsch, c’est un voile de pudeur qu’on vient déposer sur la merde du monde »7 .

Le kitsch résulte donc d’un besoin de reconnaissance superficiel et prend une forme qui manque clairement de subtilité pour les dominants.

Mais ce phénomène est-il fiable, légitime ? Ce malaise ressenti par rapport au kitsch est-il chimérique, comme un fantasme de l’élite aristocrate lié à la peur de l’effacement de son « bon goût » ? Est-ce seulement une question de goût ? Ou alors Les valeurs inauthentiques que porte ce phéomène mènent elles réellement à un appauvrissement de la culture ?

  1. 1.b.Critique du superficiel

Le kitsch est perçu comme quelque chose d’impur pour les aristocrates à cause de la simplification de l’art authentique qu’il entraine et de l’accessibilité plus large à l’art qu’il offre aux classes bourgeoises, alors qualifiées de « masses ». Stéphane mallarmé semble horrifié par ce phénomène il se met à distance comme si ces classes étaient des malpropres par leurs goûts. « Que les masses lisent la morale, mais de grâce ne leur donnez pas notre poésie à gâter. Ô poêtes vous avez toujours été orgueilleux ; soyes plus, devenez dédaigneux ! »8

Friedrich Nietzsche, dès 1883, dans une de ses œuvres majeures Ainsi parlait Zarathoustra abordait des thèmes pouvant êtres reliés à la culture et l’esthétique.

Il critiquait la superficialité de la morale conventionnelle qui selon lui enfermait les individus de la société moderne dans une dualité « bien » « mal ». Il pensait selon une forme de nihilisme  « des forts », qui incite l’individu à trouver ses propres valeurs, son authenticité et ainsi dépasser le monde qu’il subit. De là on peut déduire que le kitsch, par son paraître, la simplification qu’il entreprend et le conformisme auquel il renvoie avec la production en masse d’objets manufacturés, est quelque chose d’illégitime selon philosophe autrichien. C’est un besoin d’échapper à la réalité sans dépasser le problème, un nihilisme qui est plus celui de l’ordre « des faibles » donc.9

Dans les années 70, Pierre Bourdieu, dans le cadre de sa théorie sur le reproduction sociale, met en place la notion de légitimité culturelle10. Un objet de la culture est légitime lorsqu’il est considéré par le groupe social dominant comme acceptable.

Ce que met en avant Bourdieu, c’est que cette légitimité adopte une logique conformiste épousant l’hégémonie de l’élite et excluant les dominés (dont les marginaux et la culture alternative), elle ne rejoint pas celle de Nietzsche qui est pour l’émancipation de l’individu. Pour lui, ces classes élitistes sont conformistes à cause de leurs critères arrêtés. Cependant, le concept de légitimité culturelle rejoint le point de vue de Nietzsche dans la critique qu’il émet de ce qui n’est  pas accepté par les dominants, quelque chose de superficiel, simplifié et inauthentique. Pour Milan Kundera le kitsch est un moyen puéril d’échapper à la réalité en se confortant dans le mensonge11.

Dans l’essai Einige Bemerkungen zum Problem des Kitsches12 ou : Quelques problèmes avec le kitsch paru en 1950, Hermann Broch analyse le le kitsch et le lien que ce dernier entretien avec la société de l’époque, il en ressort plusieurs points clés à travers un prisme qui va au-delà de la critique du superficiel.

Pour lui le kitsch est une réaction à la crise culturelle de la modernité, dans un monde où tout s’accélère, il s’agit d’un moyen de consolation qui répond à des besoins de s’évader, de ressentir des émotions.

Certes le kitsch séduit un grand nombre d’usagers mais il n’est pas que quelque chose de seulement creux parce qu’il correspond à une volonté d’imiter des codes des beaux-arts. Il est fait ainsi car il est aussi le reflet d’une société qui tend à vouloir tout simplifier en produisant toujours plus, mais qui, paradoxalement, s’étend et se complexifie.

D’un point de vue philosophique et sociologique, les critiques à l’égard du kitsch sont peu clémentes, malgré une étude approfondie chez certains comme Broch qui ne diabolisent pas le kitsch et nous explique que le kitsch est le reflet de tout un système économique et pas forcément d’un manque de goût intrinsèque ; le kitsch est vivement perçu comme superficiel et conduit à une simplification excessive d’éléments sophistiqués.

Les intellectuels, donc, se distanciaient souvent de ce phénomène à travers une forme de violence symbolique. Mais qu’en est il de la prise de position des designers et artistes ?

  1. 1.c.Premiers contacts du kitsch avec la création.

Tout au long du XXe siècle, pousse petit à petit une nouvelle branche du kitsch, des artistes, et designers reconnus de l’époque s’y intéressent de près en y ajoutant leur sensibilité et leur point de vue sur la question. De là, émergent des approches beaucoup plus subversives (ou non) du kitsch Il s’agit du Néokitsch13.

Andy Wahrol en 1962, dénonçait déjà la société de consommation, à peine émergente. Il ironisait sur la production en série à travers ses 32 tableaux en sérigraphie appartenant à une même oeuvre Campbell’s soup cans14, une répétition de canettes de soupe à la tomate vues de face, dans la position la plus vendeuse et présentable qui soit. À travers cette représentation d’un même objet manufacturé, Andy Wahrol critique l’aliénation qu’engendre la publicité et l’inauthenticité d’objets surproduits. Il utilise un symbole de ce qu’il dénonce pour dénoncer ce système.

En 1978, le plasticien Jeff Koons lance la série des Inflatables15, des structures en acier poli puis teintées, qui imitent la texture de ballons de baudruches prenant la forme d’animaux, leur aspect est très clinquant. Ces statues questionnent à la manière des Ready-made de Marcel Duchamp, le statut d’objet-œuvre.

Mais elles sont en somme, plus d’une démonstration d’effet qu’un réel objet de réflexion sur le sujet, « faire de l’effet par amour de l’effet »16. La pratique technique est quant à elle, complètement mise de côté dans une démarche très terre-à-terre par rapport au consumérisme, Koons est seulement commanditaire et supervise la fabrication de ses œuvres mais il n’y apporte aucune plus-value matérielle. C’est pour cette raison que son statut d’artiste est souvent controversé.

Enfin en 1999, le designer renommé Philippe Starck conçoit une série de mobiliers de jardin17.Il reprends un emblème du kitsch : le nain de jardin.

Détourné au profit d’un design savant qui questionne encore une fois le statut de l’objet.

Ce tabouret ludique ne prends pas seulement la forme d’un nain, mais il le met en scène. Il allie objet fonctionnel et décoratif et est perçu comme du design savant. Très différent de l’esthétique que Starck incorpore habituellement dans ses travaux, cette collaboration avec la marque italienne de mobilier Kartell est le résultat d’une sortie de sa zone de confort.

Il s’éloigne du kitsch dans son utilisation au premier degré en le détournant. C’est une forme de kitsch savant, mais la distance prise avec le kitsch au premier degré est moindre. La place d’objet de recherche en design qu’il occupe va donc aussi de paire avec le contexte dans lequel il sera commercialisé.

Mais si ces travaux employant des codes du kitsch sont authentiques car ils sont détournés, il ne devrait plus subir de critiques au XXe siècle ? Les auteurs n’auraient donc plus de raison de critiquer son aspect superficiel ? Alors de qui ou de quoi ces oeuvres s’inspirent pour pouvoir se dinguer du kitsch utilisé au premier degré ?

  1. 2.Un reclassement du kitsch : se rapprocher de la pop-culture et des classes populaires (pour parfois s’en rééloigner)
  1. 2.a.La nostalgie : un phénomène permettant de mieux accepter le kitsch.

« Du grec ancien νόστος , nóstos : “retour” et ἄλγος , álgos : “douleur”, soit “mal du retour” »18, la nostalgie est présente dans de nombreux objets kitsch de l’industrie à partir des années 1960. Favorisée par l’apparition de la société de consommation, la nostalgie en est même parfois la raison de production prenant le dessus sur le besoin d’affirmer un statut19. C’est donc un grand tournant pour le kitsch

Contrairement au besoin de paraître des classes bourgeoises du XVIIIème siècle, la nostalgie est capable de toucher un public beaucoup plus large, selon Carmen Fourneau « Un des principaux bienfaits de la nostalgie est en effet d’aider à recréer un sentiment de sécurité. Dans notre société actuelle où les bouleversements technologiques et l’instantanéité de l’information peuvent pousser l’individu à se sentir perdu, pouvoir de nouveau se sentir en sécurité est plus qu’agréable : vital »20 comme un repère, un doudou.

La période Rococo21 témoigne de ce besoin de s’évader à travers les peintures d’un monde idyllique, confortable et où tout va pour le mieux22. La mignonnerie, est plus intimement liée à la nostalgie de l’enfance, elle est propice à susciter des souvenirs puisées de cette période qui sont la plupart du temps joyeux, car le parent aseptise la réalité du monde qui entoure son enfant, pour le protéger d’un monde ressenti comme dangereux.

Dans un contexte plus actuel que celui de la peinture Rococo nous pouvons nous appuyer sur Furby23. Ce petit jouet poilu interactif Ses couleurs criardes et ses gros yeux lui confèrent un aspect de peluche rassurante. Sorti en 1998, il incarne cette volonté de retomber en enfance car il a eu droit à trois versions commercialisées, toutes sorties avec plus ou moins douze ans d’écart entre chaque. Hasbro a délibérément choisi cet écart pour susciter la nostalgie du consommateur en recyclant ce jouet. Sa toute première version était lui-même inspiré du Mogwaï, tiré du film Gremlins, oeuvre majeure de la pop-culture.

Le cinéma est d’ailleurs un vecteur important du kitsch dans la pop-culture. Dejà dans les années 1930 on voyait l’apparition de films Hollywoodiens de série B, produits à la chaine avec un budget moindre comparé aux autres, et qui reflètent un déclassement volontaire dû à un productivisme intensif etune industrialisation de l’art.

D’un angle plus récent, Bollywood, lui, permet d’assister à la production d’oeuvres parfaitement kitsch en se décentrant du monde occidental24. Les films bollywoodiens qui sont réalisés avec des moyens de production de basse qualité et des effets spécieux peu crédibles sont le reflet d’une société qui souhaite se conforter dans un monde idyllique avec des films d’action et des romances à l’eau de rose25. Cela donne place à des œuvre détournées s’inspirant de cet univers comme celles de Baba Anand26.

Enfin, c’est grâce à la notsalgie qu’on voit apparaître en salles de cinéma, un n-ième volet d’une franchise blockbuster : Mission impossible, Star Wars, Terminator. On idéalise un film qui a fait son temps, on doit séduire le spectateur réhabilitant caertaines références d’antan. On ne veut pas voir Harrison Ford vieillir, alors on ressort encore et encore des films Indiana Jones.

Pour Séverine Barthes dans un article traitant de la nostalgie sur France Inter, elle peut être vue de deux manières différentes : « Soit elle devient paralysante, le passé devient indépassable et on n’arrive pas à l’égaler ni à le dépasser. Cela vous empêche de vous accomplir ou de vivre le moment présent ou de créer. Soit la nostalgie est une manière de vous vivifier en utilisant les anciens comme un marchepied, comme un moyen de grandir. »27

C’est cette idéalisation de figures et oeuvres de la culture-pop qui conduisent à un autre phénomène social : la culture de la célébrité.

  1. 2.b.Culture de la célébrité : représentation excessive de vedettes

Comme vu précédemment, le kitsch a connu un tournant vers le milieu du XXe siècle. Mais au delà de la nostalgie, l’apparition de la société de consommation, par la diversité des gammes d’un même produit qu’elle propose, a avant tout entrainé un accès plus large à des biens matériels. Ainsi, même les classes populaires ont pu au fil des années se procurer des biens qui ne leurs étaient pas accessibles auparavant. Cette augmentation du pouvoir d’achat a été une des raisons majeures de la grande émergence des classes moyennes, le niveau de vie de certains foyers appartenant aux classes populaires a grimpé pour finalement devenir transclasses et avoir un niveau de vie digne des classes moyennes28.

En résulte un accès plus large à la culture et à l’information, mais surtout à la pop-culture par le biais de la télévision notamment. La différence qu’apporte la télévision dans la représentation de figures célèbres, c’est évidemment l’image, on peut désormais identifier par exemple, un écrivain par les traits de son visage. Elle a donc permit de façonner l’imaginaire de ses spectateurs différement.29

Ce moyen accessible que promeut une large diffusion d’images a par la même occasion promu la culture des masses entraînant avec elle la surmédiatisation de célébrités. C’est de là que proviennent les origines de la « culture de la célébrité »,

« En 2006, l’anglais Ellis Cashmore propose une synthèse de la “culture de la célébrité” sous tous ses aspects (société de consommation, marketing, extension au sport, rôle de la beauté et de la race, télévision, etc.), soulignant qu’il s’agit d’un phénomène aussi connu que mal compris. L’année suivante sera publiée la réflexion originale de l’australien John Castles (issue de sa thèse en 2000) sur les “ grandes stars ” et le rôle constitutif de la reproduction ou de la réplication de l’image dans le culte idolâtre dont font l’objet les acteurs et, surtout, les héros des concerts de rock. »30

Cette culture se base sur la mystification de vedettes, on admire, on adore, on s’intéresse aux moindres détails. C’est souvent quelque chose d’éphémère car certaines célébrités sont parfois des purs produits de l’industrie, vite érigées au rang de stars, puis vite consommées et vite oubliées ; de surcoît, les réseaux sociaux ont drastiquement accéléré ce phénomène depuis une quinzaine d’années.

De cela,naissent des produits autant superficiels comme des magazines people relatant les tous les faits et gestes en lien avec des personnalités31, que des objets de mauvais goût comme des voitures tape-à-l’oeil, préparées et perosnnalisées32 à l’effigie de Johnny Hallyday33 par exemple. « Francesco Alberoni (1963) popularise dans le monde intellectuel l’idée d’une “ élite sans pouvoir ” : celle des stars, objets d’une admiration qui tend selon lui à se substituer à l’envie dirigée vers les traditionnelles élites politiques et économiques. »

Bien qu’aujourd’hui des objets kitsch associés à la symbolique qu’il portait autrefois persistent comme des babioles cheap34 fausses plantes IKEA35 en platsique ou des vêtements sportswear/streetwear appartenant à des groupes de luxe36 et haute couture aux logos ultra voyants37, notons aussi que les contrefaçons qui vont avec sont d’autant plus kitsch. Le kitsch aussi s’est grandement élargi, mignonneries, culte du visage, adulation, il pousse comme du lierre autour de chaque phénomène culturel. Il se réinvente toujours. Il est plus qu’une esthétique figée ou un moyen ostensible de paraître.

En somme, même dans des objets abordant les côtés les plus rétrogrades du kitsch, le XXe siècle a majoritairement entraîné le rapprochement du kitsch au premier degré avec la culture populaire et les classes populaires (ne pas pas faire d’amalgame entre les deux) et moyennes. L’aspect cheap des objets kitsch utilisés est désormais plus souvent affilié aux classes populaires et moyennes qu’a des classes plus aisées qui voudraient paraître, bien qu’il y en aît chez les nouveaux riches38 par exemple.

Le kitsch est donc le reflet d’une critique qui peut être faite au design un lien qui est souvent mal compris et caricaturé par les plus favorisés (tant financièrement qu’intellectuellement39) pour se distinguer de ces classes, comme une manière de dire : “on ne se mélange pas avec vous”.

Comme nous l’avons abordé dans notre sous partie 1.c. , certains arrivent à utiliser le kitsch de manière plus subversive.

Alors comment, au XXIe siècle, des individus qui s’expriment et conçoivent en s’appuyant sur une esthétique décriée, qui dérange le socialement acceptable, arrivent t-ils à élever leurs créations ? C’est à travers cette 3e sous partie que nous étudierons ce processus de digestion, de reclassement. Comment intervient la culture alternative dans ce processus ? Amateurisme, expression personnelle : le néokitsch comme un exutoire, un moyen d’émancipation et parfois une porte d’entrée sur un kitsch distancié sophistiqué.

  1. 2.c.Le kitsch comme de l’art modeste

« Il y a très effectivement des valeurs intermédiaires dans le domaine du kitsh. Il y a du mauvais kitsch et du bon, et même du génial » « Tout n’est pas sans valeurs dans le kitsch. De temps en temps , il produit quelque chose de valeur, quelque chose ayant une saveur populaire authentique »40

Une esthétique aussi clivante que celle se rapportant au kitsch permet d’amener dans l’espace visuel, des signes ostensibles41, des codes aux messages évidents et donc extrêmement reconnaissables par un plus grand nombre d’individus. Par la simplification qu’il applique, le kitsch sert de réconfort émotionnel aux adeptes de la culture populaire mais aussi de tremplin pour des artistes souvent autodidactes, une pratique qui peux parfois être qualifiée d’art modeste42 on peut par exemple citer les fameux paños « Ce sont des petits carrés de tissus blancs, basiques. Des mouchoirs de prisons sur lesquels viennent écrire des pages d’histoire, des fresques oniriques, des vœux pieux, des cartes de vœux, des cadeaux d’anniversaires et des déclarations d’amour. Les icônes de la révolution mexicaines, les pin-up et les guapas à la pastique de rêve, les belle bagnoles, les héros de cartoons ou la vierge s’y affichent et sont offert en fonction du destinataire. »43

« L’art modeste déjà c’est pas un genre artistique comme l’art brut ou l’art naïf, c’est juste un regard, une manière de regrouper des productions artistiques. » « Ceratins objets faits pour de mauvaises raisons, des raisons commerciales deviennent une source de formes nouvelles » « J’ai le droit d’aimer de trèsmauvaises bandes dessinées, aujourd’hui certaines planches de bandes-dessinées valent plus cher que de l’art. » « L’art modeste c’est le kitsch sans le second degré » nous explique Hervé di Rosa dans un podcast pour Nova 44

Cette génération d’artistes et designers néokitsch réemploient des codes déjà bien connus dans leurs oeuvres mais y ajoutent une partie d’eux. Être artiste kitsch c’est assumer un côté niais, un côté vulgaire, en outre un “trop” non poli par l’académisme. « Le baroque, le rococo puis le kitsch sont des voies alternatives à l’académisme et aux inspirations antiques, donc le kitsch ne sort pas de nulle part »45 « Tout ce qui vient de l’underground46 est à la mode, parce que c’est avant gardiste et intéressant »47

Quand on vit kitsch, on assume de s’émerveiller de spectacles intrinsèquement récréatifs et sensoriels48. Hannah Diamond49 appartient à ceux qui utilisent la nostalgie « comme un moyen de grandir »50. Elle pioche ses inspirations visuelles tant dans les cartes postales que dans les publicités de parfums et dont les infuences musicales majeures sont la pop des années 2000 ainsi que des éléments appartenant à la culture internet et le Kawaii51 comme la nightcore52 ou Hatsune Miku53. et vont styliser leur expression dans le but de remplacer les bons par de beaux-sentiments.

D’autres ont réinterprèté sa facette plus provocatrice pour l’élever à quelque chose de plus noble. Les designers de faux ongles en font partie, Camilla Volbert, créatrice de faux ongles nous explique dans un épisode d’Arte Tracks que « décorer ses ongles est lié à une rimbembelle de stéréotypes classistes, racistes et sexistes. On associe cela à des personnes superficielles, qui ne font rien de leur journée, ou encore aux personnes issues des classes populaires ». Mais décorer ses ongles est pour certaines personnes, comme une extension du corps, un symbole de puissance libérateur. Camilla nous confie « Quand on a les ongles longs ou qu’on s’en fait poser des faux on se comporte différement, on uilise ses mains différemment et même ma manière de parler change. Dans mon cas on peut dire que j’ai une perception différente de mon corps »54. Ces artistes repoussent les limites du nail-art pour y amener une approche personnelle et conceptuelle Eichi Matsunaga ou Juan Alvear55 en font Partie .

Parfois, c’est même un goût de l’artisanat qui reprend le dessus sur l’envie de produire rapidement. Calista ou @caliyela sur Instagram, jeune créatrice amateure d’objets décoratifs nous parle de sa démarche dans un entretien « Kitsch, le terme ne m’est jamais venu à l’esprit pour identifier ce que je fais car pour moi ça a une connotation péjorative » « il y a quand même une part de kitsch dans ce que je produis car mes inspirations tournent beaucoup autour du Scrapbooking et du mouvement Shabby chic56, et ce sont des choses qui sont considérés comme très kitsch de base. »« J’étais vachement axé sur le digital en commençant à créer, mais j’ai vite vu que visuellement je pouvait apporter quelque chose de plus en utilisant des matériaux, en fait j’avais envie de quitter un peu les écrans pour manipuler autre chose parce que je pense que le digital a ses limites. » « dans un visuel, ce qui va compter pour moi, c’est les textures. »57

Timothée joly, compositeur et interprète, lui, entretien un rapport plus complexe au kitsch, il choisit parfois les codes visuels niais qui s’y rapportent58, mais l’aspect kitsch de son art se ressent beaucoup avec sa musique.

À travers ses chansons, on se sent transporté dans un joural intime, on le sent mal dans sa peau. Conscient de sa condition, il est à la fois enclavé et réconforté dans des plaisirs kitsch. Il poétise son écriture de plusieurs manières dans un même morceau. Elle est tantôt puérile, tantôt mignonne mais aussi crue et provocante. Cet ecléctisme de styles méticuleusement choisis exprime quelque chose de plus profond que chacune des écritures piochées indépendamment. Il aborde beaucoup dans ses chansons, des thèmes comme la mort, la nostalgie la célébrité et surtout la superficialité en s’auto caricaturant, en exagérant, en la tournant en dérision, un peu à la manière de Kundera. « Aujourd’hui je me demande comment devenir riche, demain je me demanderai peut-être comment être heureux » « Tu n’es pas, tu cherches à être »59 « j’pense qu’à faire de l’argent]-[c’est tout pour moi, c’est zéro pour les gens »60 « je m’en fous d’avoir des potes j’suis sur internet »61.

Et si les créateurs que nous avons évoqués expriment leurs émotion via un prisme kitsch intimiste, d’autres utilisent le kitsch pour amener sur la table, des problèmes sociaux et politiques.

Dans le domaine du design graphique, Susy Chan a parfaitement réussi à allier authenticité kitsch et mise en forme de designer dans une édition intitulée “Made in China” qui a permis à des enfants chinois délaissés, défavorisés, de pouvoir créer chaque semaine et ainsi s’ouvrir à des domaines qui leurs étaient inconnus62.

Lou Parisot, elle, crée des séries sculptures à partir d’objets récupérées alliant bibelots cheap et mobiliers désuets. Elle questionne réellement le statut d’objet-œuvre63. Son travail rejoint l’héritage de Marcel Duchamp avec ses Ready-Made64 et questionne le réemploi dans des domaines créatifs tant dans le design que dans l’art et si les codes visuels du kitsch sont pérennes car ils se renouvellent, les modes de production consumériste qui y sont liés le sont un peu moins...

En somme, le point commun à toutes les formes de création analysés ici, c’est la justesse du regard qu’il portent et les codes artistqiues qui viennent fusionner avec le le néokitsch déjà existant, aussi larges soient-ils,. Les artistes parviennent à incorporer une partie d’eux même pour se distinguer d’un simple kitsch de masse. Comme nous explique Vivien Phillizot dans son texte Kitsch, bad taste, Sheisse, un esthétique de la dissonance « C’est ce que suggérait Richard A. Peterson en notant que les individus à plus faibles capital culturel ont plus de chances d’êtres “univores” qu’“omnivores”, et que relevait aussi Tony Bennett en affirmant qu’ “avoir mauvais goût, c’est cool… quand on va à l’opéra” » « L’expérience distanciée des objets du tuning procède ainsi d’un ou de plusieurs modes d’appréhension, dont l’étude permettrait de se déprendre d’une approche formaliste de la beauté cachée, de la poésie du quotidien… de toutes ces choses qu’un œil un peu critique ou un esprit un peu sensible aux formes dissimulées du racisme de classe, décrirait comme l’occasion de faire l’expérience exotique d’un “design du pauvre” »65.

C’est pour cette raison que l’esthétique kitsch est très appréciée d’un certain public, un public qui irait trop loin dans son goût pour la culture légitime. La différence se créé entre ceux qui arrivent à le dompter, le sophistiquer, le sculpter sans pour autant le lisser. Et ceux qui le laissent brutalement crier pour provoquer les usagers.

Dans ce second grand axe, nous avons exploré diverse facettes du kitsch qui le détourneaient de manière plûtôt sérieuse. Mais n’oublions pas que l’objet kitsch sucsite souvent le rire par son ridicule. Aors jusqu’où peut-il s’étendre ? Peut-on faire un excès de “trop” ?

  1. 3.Le néokitsch au second degré
  1. 3.a.Les mèmes, le contrepied du kitsch de 100 ans : d’une imitation dans le paraître à du réemploi inhérent, entre amateurisme absurde et satire subversive

« Un mème Internet est un élément ou un phénomène repris et décliné en masse sur Internet. Il prend souvent la forme d’une photo avec ou sans légende, d’une vidéo, d’une phrase, d’un mot, d’un gif animé, d’un son, d’un personnage fictif ou réel ou d’une communauté. »

Alors, kitsch ou pas kitsch ?66

Cette forme d’humour, dont le but principal est de divertir via internet, a été crée en 1996. Ils se renouvèlent d’années en années et participent à la culture du kitsch distancié (ou kitsch au second degré) à plus où moins grande échelle.

Les mèmes sont directement liés à la culture des masses : repostés, détournés, déformés, « le mot est issu du grec ancien “mimesis” qui signifie imiter »67. C’est un phénomène qui prône le réemploi. Les mèmes permettent de se réapropprier une image de manière amateure et très souvent, complètement librement (les images étant parfois tellement virales que réclamer les droits d’auteurs est souvent vain). Pour exprimer une pensée, vulgariser. Ils sont, tout comme le kitsch, à la fois le produit et le reflet de notre société68. Le photographe Martin Parr nous dit « Ce ne sont pas mes photos qui sont kitsch, c’est le monde qui l’est » 69

Ils sont le fruit d’un travail amateur, leur forme est souvent négligée, laissant place à la maladresse, à l’esthétique de l’erreur. C’est pour cette raison qu’ils sont un contrepied du kitsch de cent ans, autrefois on qualifiait les babioles bourgeoises de pâles copies, avec les mèmes, l’imitation est réhaussée au rang de réemploi, leur apparence négligée leur permet de se délester de l’aspect superficiel pour laisser place à l’authenticité, au décalé.

Beaucoup de mèmes ne sont pas explicitement kitsch mais une partie conséquente arbore une esthétique kitsch ostensible et portent tantôt un humour seulement décalé comme le compte instagram @cestpashyperbienfait70, tantôt un message subversif qui dépeint des archétypes. Les comptes @studio.bastiano 71 et @affirmations72 avec leurs vidéos provocantes mêlant absurde, subversion et satire, incarnent à merveille cette catégorie. Ce sont même parfois des designers graphiques qui s’inspirent des phénomènes kitsch et mème. Le Graphiste grenoblois surnommé Cobie a très bien digéré ces inspirations pour produire des recueils d’affiches, qui, elles, sont très minimalistes et sont habillées seulement de dictons faisant la satire d’un hyperkitsch consumériste73.

Cette contre-culture tire en partie ses racines du monde publicitaire, certes ce type d’humour détourné ne date pas d’hier mais on croise dans l’espace public de plus en plus de spots qui utilisent un humour décalé mais uniquement pour être plus vendeur74.

Ce sont ces archétypes poussés, représentés et relayés via les réseaux dont nous avons parlé qui nous ammènent à notre deuxième sous partie : le trop dans la caricature.

  1. 3.b.Tirer le trait : caricatures et kitsch, une mise en abîme du “trop”

« Passé de caricare “charger (au propre et au fig.)” avec suff. -ura, v. suff. -ure, proprement “action de charger, charge” ; portrait ridicule en raison de l’exagération des traits »75, la caricature est un moyen d’être dans un trop sophistiqué, sa bonne maîtrise repose sur la capacité qu’à le caricaturiste à extraire les traits caractéristiques du sujet pour pouvoir les accentuer. La caricature suscite parfois le dérangement car c’est une forme de création dont l’essence ne réside pas dans sa beauté formelle. Elle est kitsch par son exagération et par sa laideur. Premièrement, elle permet pousser à l’extrême en évidence qui est représenté sur le dessin et deuxièmement elle permet d’éxagérer l’émotion que le sujet exprime. La caricature permet d’appuyer un propos, le plus souvent par l’ironie e dans le but de critiquer.

Elle est parfois kitsch dans le détournement des portraits de vedettes, jamais représentées sous de tels angles, My own Marylin76 du photographe et plasticien américain David Lachapelle ou encore les travaux de Joey Vermouth77 reflètent bien cette transgression visuelle où la beauté lié à l’engouement est transformé en laid provoquant et perturbant.

Dans le film Brazil78 de Terry Gilliam, on suit l’histoire de Sam Lowry, un bureaucrate au train de vie banal, il va chercher à comprendre les ficelles d’une société qui se méprend sur son compte et le considère comme un dissident malgré lui.

Au début du film, il est entouré de personnages (secondaires comme principaux) incarnant des archétypes : Les deux électriciens un peu las, le patron désagréable mais surtout sa mère. Faisant partie d’une classe sociale très haute elle adore modifier son apparence physique de manière extravangante, elle porte des perruques, des peignoirs aux motifs criards sature son visage de maquillage et subit de la chirurgue esthétique à outrance. Elle cherche à motiver Sam pour qu’il trouve un travail mieux payé et plus convenable, elle le manipule mais lui, n’a que faire de ses discours.

Si des figures caricaturales comme celle-ci ont été intégrées c’est car à travers la dystopie, ce film explore les thèmes de la bureaucratie, de la surveillance et de la lutte individuelle contre un système oppressif, seul contre toutes ses caricatures angoissantes.

Ce malaise Ressenti dans Brazil est similaire à celui que procure l’installation Toiletpaper paradise79 créée par les fondateurs du magazine de photographies Toiletpaper : Maurizio Cattelan and Pierpaolo Ferrari. Dans cette œuvre, la saturation des logements bourgeois du XVIIIe siècle est parodiée, ridiculisée par la répétition surnaturelle d’éléments déoratifs excentriques, principalement axés autour de la nourriture. Relevons à quel point cette pièce extravagante sort du lot, c’est une manière d’amener le kitsch dans du design d’espace.

Au-delà de d’un moyen de dénoncer par l’ironie, les caricatures peuvent aussi servir à revendiquer une identité, elles entretiennent un lien particulier avec le monde queer80 « Le kitsch c’est cool parce que c’est queer »81 nous dit Rosa Bursztein dans un podcast pour France Inter et la création de ce kitsch-queer peut passer par le domaine de la caricature. D’abord le phénomène queer fut longtemps quelque chose de marginal, une personne queer ne se reconnaît pas dans les modèles de genre dominants, chose qu’il partage avec le kitsch. L’aspect transgressif retrouvé dans l’exhubérance des tenues et apparats lors les drag shows82 fait aussi partie de ce tronc commun kitsch-queer.

Pink Flamingos83 sorti en 1972 est un film très controversé et transgressif où l’on suit la vie de Divine, une drag queen84, et de sa famille excentrique composée de personnages tout aussi déviants. Divine, qui détient le titre de “la personne la plus dégoûtante du monde”, est déterminée à conserver son statut en accomplissant des actes extrêmement choquants. Pendant ce temps, une concurrence émerge avec d’autres prétendants au titre de « personne la plus dégoûtante ». Au delà de son aspect gore nous pouvons saluer les thèmes abordés qui sont importants car certains sont toujours d’actualité comme la célébration de l’excentricité (qui est de plus en plus acceptée au XXIe siècle où le kitsch de soi85 s’est démocratisé), la provocation en remettant en question ce qui est acceptable ou non dans la société et l’exploration de l’absurde. Réalisé par John Waters, cinéaste gay, ce film est plus une invitation à la réflexion sur la tolérance et à la remise en question des normes établies qu’une oeuvre dénuée de sens et intrinsèquement graphique. En somme il est possible d’interprèter ce film comme une satire poussée à l’extrême de la représentation biaisée que se faisaitla majorité à propos des personnes marginales.

Dans notre partie finale nous effectuerons une étude cas intimement liée à cette réflexion sur la tolérance.

  1. 3.c.Étude de cas : ironiser le kitsch sexiste/viriliste par le biais même de la vulgarité

Nous nous concentrerons ici sur les stéréotypes de genre que le kitsch reflète et véhicule. De quelle ces derniers sont-ils critqués ?

Malgré la beauté authentique que l’on peut déceler dans le néokitsch, il subsiste des problèmes reflètant la société archaïque dont il est issu.

La mignonnerie excessive est souvent associé à une féminité pronant la docilité des femmes et les cartes postales/calendriers vulgaires objectifient le genre féminin86. Ces deux exemples de représentations sont peu flatteusrs pour le genre féminin et disons le, ouvertement misogynes. Donnant une image excessivement dégradante et misogyne des femmes.

C’est le cas de Zena El Khalil87 qui dénonce à travers ses sculptures et collages les injonctions excsessivement virilistes et absurdes qu’engendre la guerre. Les objets en plastique sont utilisés comme outil pour transmettre son ressenti sur la superficialité de la guerre.

Claire Barrow en 2020 a réalisé une exposition d’installations reprenant un kitsch à la fois avant gardiste et nostalgique. Elle s’intitule Victim of cosmetics88 et vise à mettre en avant les centres d’intérêt des femmes en dénonçant le préjugé qui les montre comme des loisirs superficiels.

Nous pouvons aussi revenir sur les affiches de Cobie dont une porte le message « j’ai un gros 4x4 donc j’ai un gros zizi »89. Cette phrase clairement mise en avant pour tourner en ridicule des besoins de consommations virils peut aussi rappeler la pochette de l’album Join Us90 par They might be giants, où un corbillard a fusionné avec un monster truck rose, toujours dans le but de faire une satire du kitsch.

Evoquons le sapin Tree91 de Paul McCarthy, installée en 2014 Place Vendôme qui a choqué de nombreuses personnes. Il s’agissait du but même de l’oeuvre, marcher sur un fil en sucsitant le doute. « Loin d’y voir la magie des fêtes, les internautes se sont empressés de comparer l’œuvre à un certain type de sextoy. Voir de s’en indigner, dans le cas du Printemps français, un mouvement anti-mariage pour tous. »92

Enfin, d’autres, comme le mannequin Tony Bash93 par exemple, se mettent en scène en caricaturant des corps de métier et dépasse souvent la barrière du genre en associant des pièces inhabituelles et désuettes comme des cardigans à connotation féminines ou encore des ballerines, comme pour se moquer des codes de beauté cloisonnés et hégémoniques, que renvoient les stéréotypes de genre, il ne se reconnaît pas comme queer mais ce qu’il véhicule à travers ses tenues s’en rapproche.

Conclusion

Phénomène social autrefois déprécié par l’élite, la diffusion du kitsch n’a cessé de s’accélérer depuis son apparition. Il peut aujourd’hui permettre d’assumer une partie tantôt vulgaire tantôt sentimentaliste de soi et dans un cadre moins auto-centré, d’aborder des sujets de société de façon risible, de les tourner en ridicule par le biais de l’excès pour questionner, dialoguer avec l’usager.

S’il est certes vivement critiqué pour le regard simplifié du monde qu’il porterait, pour la création de produits aliénants (comme la publicité) et de piètre qualité qu’il engendre, il porte aujourd’hui un sens profond pour bon nombre d’individus. L’ignorer et souhaiter son effacement en plus de n’avoir que peu de sens, serait une forme de mépris envers cette « civilisation du trop ».

C’est un outil qui par ses codes du « trop » permet d’apporter un message ostensible, clair. Il ne demande qu’à être manipulé minutieusement pour le revisiter régulièrement, ainsi son utlisation dans des supports graphiques donne la capacité de questionner des enjeux actuels.

Cette note de synthèse aborde le kitsch majoritairement sous deux facettes : La question du goût et celle de son impact social dans notre monde contemporain. Cet angle d’analyse m’a rapproché de deux postures de designer : le designer esthète et le designer social.

Mon projet de mémoire pourrait être de travailler avec un public étranger au design pour le sensibiliser à l’importance de la transgression, la nécessité de ne pas toujours vouloir être consensuel. Cela pourrait se passer dans un cadre de médiation culturelle en conçevant des objets plurimatériels, qui attirent l’oeil et qui questionnent des enjeux politiques actuels liés au kitsch comme l’importance de la décroissance liée au productivisme : peut-on faire du kitsch vert sans faire du greenwashing ? Ce projet pourrait aussi questionner l’égalité des genres comme étudiée précédemment.

Au bout du compte, comment créer un objet graphique néokitsch qui équilibre deux aspects me tenant à cœur : le plaisir instantané du spectatcle ordinaire que procure le kitsch et revendiquer une idée porteuse d’un message en accord avec mes valeurs ?

Bibliographie

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Page Instagram de Tony Bash @chichicharito

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https://open.spotify.com/intl-fr/album/0MgqMBdgJMbjbllXqT86Ej?si=Y-hh0CznRVqY13h1zE6Y_A

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https://www.youtube.com/watch?v=xPJXKmGokJ8

Timothée Joly-Pop.st4rr

https://www.youtube.com/watch?v=NtX9xhnFpCM

Thaiboy Digital-Legendary Member

https://g.co/kgs/AvyPZy2

Hannah Diamond-Staring At The Ceiling

https://www.youtube.com/watch?v=k3MD7TaCXLA

They Might Be Giants -Join Us

https://g.co/kgs/yqR1BRY


1 Wikipédia, Kitsch, origines étymologiques, dernière modification : 23 novembre 2023

2 Gilles Lipotevsky et Jean Serroy, Le nouvel âge du kitsch. Essai sur la civilisation du trop, Gallimard, Paris 2023, le kitsch de cent ans

3 Annexe 1 : Cheminée en bois imitation marbre, XIXe siècle

4 Annexe 2 : Vivoir, résidence de Mme George Stephen, Montréal, 1884

5 Cristophe Genin, Le kitsch une histoire de parvenus, Actes Sémiotiques, 2007

6 Annexe 3 : Parmigianino, La vierge au long cou, 1534-1535

7 Milan Kundera, L’insoutenable légèreté de l’être, Gallimard, Paris 1984

8 Stéphane Mallarmé, Hérésies Artstiques, L’art pour tous, L’artiste, 1862

9 (Rédacteur non cité), Qu’est-ce que le nihilisme selon Nietzsche ?, GEO, 2022

10 Pierre Bourdieu, La distinction : Critique sociale du jugement, Les éditions de minuit, Paris 1979

11 Le kitsch selon Milan Kundera, Patrick Moreau, Le Devoir , 2023

12 Annexe 4

13 Gilles Lipotevsky et Jean Serroy, Le nouvel âge du kitsch. Essai sur la civilisation du trop, Gallimard, Paris 2023, Le Kitsch de cent ans

15 Annexe 6 : Jeff Koons, Balloon Dog (Magenta), 1994-2000

16 Le cas Wagner, Friedrich Nietzcshe, Flammarion, 1888

17 Annexe 7 : Phillipe Starck, Tabouret gnome Attila, tabouret Napoléon, tabouret Saint esprit, 1999

18 Étymologie de « nostalgie », dictionnaire en ligne, La langue française

19 Gilles Lipotevsky et Jean Serroy, Le nouvel âge du kitsch. Essai sur la civilisation du trop, Gallimard, Paris 2023, Production et

innovation de néokitsch

20 Manifestations de la nostalgie de l’enfance dans les designs pour T-shirts, mémoire écrit par Carmen Fourneau, 2018

21 Annexe 8 : Jean-Honoré Fragonard, Les hasards heureux de l’escarpolette, 1767-1769

22 Annexe 9 : Thaiboy Digital, Legendary Member, 2019, Visuels par Bladee et Ecco2k

23 Annexe 10 : conçu par Caleb Chung et David Hampton, Furby (seconde génération), 2012

23 Annexe externe : Analyse de références, 2) Furby

24 Bollywood export kitsch, Nicole Vulser, Le Monde, 2006

25 Annexe 11 : Karan Johar, Laisse parler ton cœur, 1998

26 Annexe 12 : Baba Annand, Deedar, 2005

27 Pop culture : la nostalgie, c’est l’avenir ? Séverine Barthes, Radio France, 2023

28 Si je travaille, c’est pas pour acheter du premier prix !, Thomas Amossé, Marie Cartier, Sociétés contemporaines, 2019

29 La consommation de la célébrité, Nathalie Heinich, L’Année sociologique 2011

30 La culture de la célébrité en France et dans les pays anglophones, Nathalie Heinich, Revue Française de Sociologie, 2011

31 Annexe 13 : Harry et Megan au cœur d’un nouveau scandale, Voici, 2018

32 Kitsch, bad taste, Scheiße. Une esthétique de la dissonance, Vivien Phillizot, cours au format PDF

33 Annexe 14 : Ce fan a recouvert sa voiture de portraits de Johnny Hallyday, Antoine Heulard, BFMTV, 2017

34 Annexe 15 : Photo prise par moi même au magasin Action de Fontaine, statues de Boudha en plastique

34 Annexe externe : Cartographie de références classées

35 Annexe 16 : Fausse plante en plastique, distribuée par IKEA

35 Annexe externe : Cartographie de références classées

36 Annexe 17 : Kim Jones, hoodie Louis Vuitton en collaboration avec Supreme, 2017

37 Gilles Lipotevsky et Jean Serroy, Le nouvel âge du kitsch. Essai sur la civilisation du trop, Gallimard, Paris 2023, Logomania

38 Le terme nouveau riche est un qualificatif péjoratif, rattaché au mépris de classe, désignant une personne qui est devenue riche alors que ses ascendants ne l’étaient pas, via Wikipédia

39 D’après la définition du capital immatériel par Klein et Prusak en 1994, via Cairn.info

40 Quelques remarques à propos du kitsch, 1950, Hermann Broch, Éditions Allia, Paris, 2001,

41 Graphisme et transgression Citation et détournement dans les codes visuels du design graphique contemporain, Vivien Phillizot, Signes Discours Société, 2009

42 Hérigé par Hervé di Rosa et Bernard Belluc, l’art modeste est une expression artistique qui exprime une critique de l’enfermement orgueilleux de l’art sur lui-même, sans communication, et soumis aux seules règles du marché, Wikipédia, Art modeste, dernière modification : 9 octobre 2023

43 Annexe 18 : œuvre non référencée, paños : l’art carcéral sur des mouchoirs, Les nouveaux troubadours, 2018

44 L’art modeste, c’est le kitsch sans le second degré, Massinissa Naït Mouloud, Nova, 2018

45 C’est quoi le kitsch ? Histoire de l’art et art contemporain, par HyperOblique via YouTube, 2021

46 Se dit d’un mouvement artistique d’avant-garde indépendant des circuits traditionnels commerciaux, via Le Robert

47 Sebastian Plaza Kutzbach, créateur d’accesoires crochetés pour Arte Tracks : Grillz, cagoule, pole dance et faux ongles : la hype est-elle au kitsch ? 2022

48 Gilles Lipotevsky et Jean Serroy, Le nouvel âge du kitsch. Essai sur la civilisation du trop, Gallimard, Paris 2023, de l’obsession statutaire à l’hédonisme ludique

49 Annexe 19 : Hannah Diamond, Staring at the Ceiling,

48 Annexe externe : Cartographie de références classés, compositrice, Interprète et artiste visuelle

50 Manifestations de la nostalgie de l’enfance dans les designs pour T-shirts, mémoire écrit par Carmen Fourneau, 2018

51 Mot japonais siginfiant « Mignon », se dit d’une esthétique d’origine japonaise qui évoque l’univers de l’enfance couleurs pastel ou bien saturées, personnages imaginaires / Gilles Lipotevsky et Jean Serroy, Le nouvel âge du kitsch. Essai sur la civilisation du trop, Gallimard, Paris 2023, le monde en rose : l’invasion kawaii

52 La nightcore est un style d’édition électronique qui consiste à accélérer le tempo d’une musique déjà existante. Il en résulte une augmentation de la hauteur de la musique, en particulier perceptible au niveau des voix, ce qui caractérise ce genre, via Wikipédia

53 Annexe 20 : Hatsune Miku, est un personnage de fiction tenant lieu d’avatar commercial des premiers opus de la série des Vocaloid, s’exprimant par le biais d’une application de synthèse vocale, via Wikipédia

54 Camilla Volbert pour Arte Tracks : Grillz, cagoule, pole dance et faux ongles : la hype est-elle au kitsch ? 2022

55 Annexe 21 : la chanteuse espagnole Rosalía à gauche, la chanteuse Charli XCX (à droite), toutes deux portant des ongles réalisés par Juan Alvear, 2019 et 2022

56 Le style shabby chic est un style de décoration intérieure qui consiste à choisir des meubles et des objets d’ameublement en fonction de leur âge et de leurs signes d’usure, ou à les déformer pour obtenir le même résultat. Contrairement à la plupart des décors d’époque, ce style se caractérise par des couleurs douces, pastel, et un aspect cottage. Via Wikipédi

57 Annexe externe : Entretien avec Calista

57 Annexe 23 : @caliyela sur Instagram, Hearts Ornaments (à droite), 2023, exemple d’une décoration Shabby Chic (à gauche)

58 Annexe 24 : Timothée Joly, EPINEUSEMUSIQUE, 2017

59 Timothée Joly, David Lynch/Dahaka, 2017

60 Timothée Joly, Pop.St4rr, 2018

61 Timothée Joly, Jadielle, 2017

62 Annexe 25 : Susy Chan, Made in China, 2020-2022

61 Annexe externe : Analyse de références, 3) Made in China

63 Annexe 26 : Lou Parisot, Emoji (à droite), 2019, Candélabre (à gauche), 2020, œuvres attachées à la série Vertical

62 Annexe externe : Analyse de références, 6) Vertical

64 Annexe 27 : Marcel Duchamp et Rrose Sélavy, Roue de bicyclette, 1913, œuvre attachée à la série Ready-made

65 Kitsch, bad taste, Scheiße. Une esthétique de la dissonance, Vivien Phillizot, cours au format PDF

66 L’exposition « Kitsch ou pas Kitsch » : quand l’ironie devient une arme politique, rédacteur non mentionné, Franceinfo, 2016

67 Wikipédia, mème internet, origines étymologiques, dernière modification : 21 décembre 2023

68 Gilles Lipotevsky et Jean Serroy, Le nouvel âge du kitsch. Essai sur la civilisation du « trop », Gallimard, Paris 2023

69 Martin Parr, sur les terres du Brexit : “Ce ne sont pas mes photos qui sont kitsch, c’est le monde qui l’est”, Sophie Rahal, Télérama,2016

68 Annexe 28 : Martin Parr, Nice, 2015

70 Annexe 29 : @cestpashyperbienfait sur nstagram, Strass et pas net, 2021

71 Annexe 30 : @studio.bastiano sur instagram, Le débardeur (à gauche), Dimanche c’est jardinage (à droite), 2023

72 Martin Parr, sur les terres du Brexit : “Ce ne sont pas mes photos qui sont kitsch, c’est le monde qui l’est”, Sophie Rahal, Télérama,2016

73 Gilles Lipotevsky et Jean Serroy, Le nouvel âge du kitsch. Essai sur la civilisation du trop, Gallimard, Paris 2023, hyperkitsch consumériste

74 Annexe 33 : Vous n’en avez pas besoin d’une grosse pour être heureux, campagne publicitaire pour la marque de voiture Austin Morris, 1979

75 CNRTL, étymologie de « caricature »

76 Annexe 35 : Andy Warhol, Diptyque Marilyn (à droite), 1962, David Lachapelle, My own Marylin (à gauche), 2002

77 Annexe 36 : sans titre, Joey Vermouth, 2023

78 Annexe 37 : Terry Gilliam, Brazil, 1986

79 Annexe 34 : Maurizio Cattelan et Pierpaolo Ferrari, Toiletpaper Paradise, 2017

80 Personne dont l’orientation ou l’identité sexuelle ne correspond pas aux modèles dominants, via Le Robert

81 Le kitsch c’est cool parce que c’est queer, Rosa Bursztein, Radio France, 2023

82 Un drag show est un spectacle de divertissement effectué par des artistes drag, appelés drag king ou drag queen, via Wikipédia

83 Annexe 38 : John Waters, Pink Flamingos, 1972

82 Annexe externe : Cartographie de références classées

84 Une drag queen est une personne pratiquant le drag par la construction d’une identité féminine volontairement basée sur des archétypes de féminité et de rôles de genre de façon temporaire, via Wikipédia

85 Gilles Lipotevsky et Jean Serroy, Le nouvel âge du kitsch. Essai sur la civilisation du « trop », Gallimard, Paris 2023, être et paraître : le kitsch de soi

87 Annexe 39 : Zena El Khalil, 2009, œuvre attachée à la série Political Pop

87 Annexe externe : Analyse de références, 5) Political Pop

88 Annexe 41 : Claire Barrow, Bury me in lipkits & eyeshadows, 2023, œuvre attachée à la série et exposition Victim of cosmetics

86 Annexe exeterne : Cartographie de références classées

89 Annexe 40 : Le cas échéant (collectif), Cobie, Et dire qu’on gâche du papier pour imprimer ces conneries, 2002-2020

88 Annexe : Analyse de références, 4) Et dire qu’on gâche du papier pour imprimer ces conneries

90 Annexe 42 : They might be giants, Join us, 2011

91 Annexe 43 : Paul McCarthy, Tree, 2014

92 Non, cette sculpture verte de 24 m, installée place Vendôme, n’est pas un sextoy, rédacteur non mentionné, Franceinfo, 2016

93 Annexe 44 : Tony Bash, photos tirées de sa page Instagram, @chichicharito, 2022-2023

Annexe 1

Annexe 2

Annexe 3

Annexe 5

Annexe 6

Annexe 7

Annexe 10

Annexe 8

Annexe 9

Annexe 11

Annexe 12

Annexe 16

Annexe 13

Annexe 15

Annexe 17

Annexe 14

Annexe 18

Annexe 19

Annexe 23

Annexe 21

Annexe 20

Annexe 24

Annexe 26

Annexe 27

Annexe 25

Annexe 30

Annexe 28

Annexe 31

Annexe 29

Annexe 30

Annexe 33

Annexe 35

Annexe 37

Annexe 36

Annexe 34

Annexe 38

Annexe 45

Annexe 41

Annexe 43

Annexe 39

Annexe 42

Annexe 44

Annexe 40