DN-MADe MENTION GRAPHISME
Design éditorial supports multiples
Lycée Argouges, Grenoble
Note de synthèse DN-MADe
Année 2024-2025
Le design graphique contribue-t-il
à valoriser les engagements portés
par des festivals de musique ?
Les festivals
de musique
Lydie ROUX
Sommaire
1. De l’origine de la fête à l’apparition des festivals
1.b. Les enjeux de la fête : politique et social
1.c. Les effets recherchés par le festivalier
2. Les festivals de musiques contemporains : une grande diversité
2.a. Les festivals « emblèmes »
2.b. Les festivals « petits formats »
3. Les codes de festivals contemporains
3.a. Les différents lieux de festival
Alternatif :
Qui propose de concevoir autrement le système de production et de consommation
Etymologie : Le mot événement provient du latin evenire, signifiant « advenir » ou « se produire ».
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catharsis :
Moyen thérapeutique par lequel le psychiatre amène le malade à se libérer
de ses traumatismes affectifs refoulés. Action purificatrice.
Etymologie : Le mot catharsis vient du grec κάθαρσις (katharsis), signifiant « purification ».
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événement :
1. Tout ce qui se produit, arrive ou apparaît
2. Se dit de ce qui est de nature à susciter un très vif intérêt et à faire date
Etymologie : Le mot événement provient du latin evenire, signifiant « advenir » ou « se produire ».
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EUPHORIE :
1. Impression de bien-être général, de contentement, de confiance, chez un patient
qui a la sensation, fondée ou illusoire, de se porter bien ou mieux.
2. État de grand bien-être physique et moral.
Etymologie : Le mot euphorie, emprunté au XVIIIe siècle, vient du grec euphoria (« capacité à supporter »), dérivé de euphoros (« facile à porter »), composé de eu- (« bien ») et pherein (« porter »).
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TRANSE :
État d’exaltation d’une personne qui se sent comme transportée hors d’elle-même. Être hors
de soi, manifester un état d’excitation extrême.
Etymologie :
Le mot transe, issu du latin transitus signifiant « passage », a d’abord désigné une vive émotion pénible, puis le passage de la vie à la mort. Le préfixe trans- évoque l’idée de dépassement
ou de franchissement.
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TRANSGRESSER :
Ne pas obéir à un ordre, une loi, ne pas les respecter ; enfreindre, violer.
Etymologie : Le mot transgresser vient du latin transgressum, dérivé de transgredi, signifiant « aller au-delà ».
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Concepts :
FESTIVAL :
Un festival est une manifestation périodique et festive, organisée à une époque fixe, souvent annuelle, autour d’une activité artistique, musicale ou culturelle. Ici on se concentre sur les manifestations musicales. Il se caractérise par une série de représentations ou d’événements exceptionnels, liés à un genre, un lieu, une époque ou un artiste, et se déroule sur plusieurs jours. Ces manifestations peuvent inclure
des spectacles, des loisirs ou des démonstrations artistiques marquantes par leur qualité et leur cadre.
Etymologie : Le terme festival provient du latin médiéval festivalis (« relatif à une fête religieuse »), dérivé
de festum (« fête »). Passé par l’ancien français festivel, il a été repris par l’anglais au XIVe siècle (festival day) avant de revenir en français au XIXe siècle pour désigner une série de manifestations festives, notamment culturelles.
Synonymes : Manifestation, Démonstration, événements
Extrait : « Je venais de donner quatre matinées festivalesques dans le Cirque
des Champs-Élysées » (Berlioz, Grotesques mus.,1869, p. 262).
FêTE :
1. Une fête est une période limitée de réjouissances collectives, destinée à célébrer un événement, une personne, une date ou un fait marquant. Elle peut prendre des formes variées, allant des solennités religieuses ou nationales à des réunions familiales ou amicales, et se caractérise par des cérémonies,
des festins, des spectacles ou des moments de plaisir partagé.
2. Toute cause de vif plaisir : « Ce spectacle est une fête pour l’esprit. »
Etymologie : L’étymologie du mot fête remonte au latin populaire festa, lui-même dérivé du latin classique festus, signifiant « relatif à une fête » ou « joyeux ».
Synonymes : délice - enchantement - régal
Festivals represent one of the many modern expressions of feasting, an essential cultural practice that has played an main role in all civilizations. Feasts have historically served as a way for establishing and maintaining a certain form of public order, a fact well understood by leaders of a country throughout history.
The earliest forms of occidentals feasting were deeply rooted in religious traditions, often appropriated and transformed by Christianity. However, this study focuses on secular and public-origin feasts exploring their evolution and significance beyond religious frameworks. By analyzing feasting as a crucial element for political and social cohesion, this study uncovers what people seek in these gatherings and the universal human desires they fulfill.
Finally, more contemporary manifestations of feasting, musical festivals, will be explored. The defining characteristics of festival identity will be examined to show their cultural and social impacts and the challenges festivals face. By understanding these aspects, the aim is to explore how festivals can inspire and adapt to modern societal commitments.
Issue d’une famille de musiciens et étant moi-même musicienne, je suis depuis toujours plongée dans l’univers autant complexe qu’intrigant de la musique. Scène, répétition générale, balance, artistes, micro, sonorisation, scénographie, solo : voici un aperçu des mots qui gravitent autour de moi et pour lesquels j’ai toujours été curieuse. En grandissant, j’ai découvert mon attirance pour l’univers festif qu’offraient les événements et regroupements de musiciens. C’est cette fascination pour le monde festif et ses interactions sociales qui m’a poussé à explorer plus en détail cet univers,
un sujet que j’ai décidé d’approfondir dans mon travail, afin de comprendre les tenants et les aboutissants de la fête dans la société contemporaine.
Cette note de synthèse vient soutenir mon désir de poursuivre mon parcours dans le domaine de la communication au sein de l’industrie musicale. En effet, après
une année passée à l’étranger à réfléchir à mes ambitions professionnelles et à mettre
en place mes projets futurs, j’ai choisi de compléter mon expérience en design graphique. C’est avec la quasi-certitude de vouloir travailler dans la communication d’événements musicaux que je suis revenue en France pour ainsi construire mon réseau professionnel et approfondir mes compétences.
C’est avec l’objectif clair de montrer les bénéfices de la fête qui permettent
de repondre au besoin de cohésion dans une société contemporaine, que j’entreprend cette recherche.
« Vivre aussi insoucieux et ravi que s’il n’y avait plus d’avenir, c’est le principe même de la fête. C’est sa règle. » Cette citation1 du philosophe Grimaldi met en lumière
le caractère intemporel et universel de la fête : un moment où l’humain s’affranchit
des contraintes angoissantes du temps et de l’avenir.
La fête a toujours occupé une place importante dans toutes les civilisations,
des plus archaïques aux plus modernes, et se manifeste sous diverses formes allant des carnavals aux raves partys. Nous allons donc ici étudier la place et les enjeux
de la fête moderne, en particulier des festivals, l’une des principales manifestations festives contemporaines. En effet, on dénombre près de 7 millions de festivaliers
en France en 2024 pour une population de 68 millions d’habitants, soit environ 10 %.2
Ces dernières décennies, des festivals de musique fortement militants, écologiques, féministes, etc, ... se sont multipliés. L’objet de cette note de synthèse porte sur le rôle du design dans ce cadre : Le design graphique contribue-t-il à la mise en valeur des engagements portés par des festivals de musique ?
Le premier axe analysera les origines et l’histoire de la fête, ses enjeux politiques et sociaux, ainsi que les effets recherchés par le public dans ces manifestations.
Le deuxième axe ciblera les différentes communautés de festivaliers, du petit festival souvent associatif et artisanal aux grandes institutions comme les Francofolies. Enfin, le dernier axe se penchera sur les codes propres aux festivals, qu’il s’agisse de codes graphiques ou bien des lieux choisis.
Mon propos se concentre sur les festivals contemporains et occidentaux, bien
que de nombreux festivals pionniers soient américains. Certains d’entre eux seront évoqués car leurs influences sont indéniables sur les pratiques européénnes actuelles.
Le mot fête tire son origine du latin festus qui signifie « festif, joyeux, gai », mais aussi du latin vulgaire festas qui signifie « vacances, fêtes, banquets festifs ».
Ces mots ont également la même racine que feriae qui signifie vacances. On voit ainsi,
par ses origines, que la fête est associée à un moment qui apporte du bonheur, synonyme ou souvent associé aux vacances. Aujourd’hui, la fête est communément définie comme une période de réjouissance collective destinée à célébrer quelque chose ou quelqu’un ; originellement, solennité religieuse ou cérémonie commémorative. C’est aussi plus largement, selon le Larousse, toute cause d’un vif plaisir.
Comme le montre Amadeo Lopez,3 la fête existe depuis la nuit des temps dans chaque civilisation connue, elle est nécessaire à la pérennité d’une civilisation.
Elle est un moment privilégié de cohésion et de visibilité des différentes communautés. La fête permet une expression encadrée dans l’espace public des différentes identités, pérennisant ainsi la stabilité dans l’espace public. L’individu s’intègre dans un groupe
et se reconnaît dans une communauté tout en s’échappant du quotidien par la suspension de l’écoulement du temps lors de ces manifestations. La citation de Freud 4 : la fête
est « un excès permis, voire ordonné, une violation solennelle (publique et lourde)
d’un interdit », souligne que la transgression est prise dans des règles préétablies
en amont. La fête permet donc au groupe de contrôler l’individu, le groupe étant lui-même contrôlé par la loi. Parfois, certains rassemblements sont clandestins bravant la loi, comme par exemple les raves parties.
Les festivals sont aujourd’hui un des acteurs principaux de la fête moderne, tout
en prenant en compte tous ces différents aspects. Ils permettent à une communauté de se rassembler et de se renforcer, tout en appuyant des arguments d’engagements sociaux, écologiques, ou identitaires.
Depuis les formes plus anciennes comme les arènes, le théâtre, les couronnements ou encore les anniversaires en Égypte, aux formes plus modernes telles que les festivals, les boîtes de nuit, les anniversaires ou remises de diplômes, la fête accompagne chaque moment de vie d’un individu et est très présente dans notre société. De nombreuses fêtes publiques occidentales sont d’origine chrétienne, certaines correspondant
à des fêtes plus anciennes que le christianisme a assimilé. D’autres ont des origines laïques.
Vous connaissez sûrement cette célèbre expression « on va lui faire sa fête », mais saviez-vous qu’en réalité elle fait référence aux fêtes révolutionnaires ?5
Elles sont apparues aux lendemains de la Révolution française. Ce sont, à l’époque,
des fêtes organisées par le gouvernement pour célébrer un événement marquant, comme
par exemple la prise de la Bastille. Ces fêtes ont une réelle importance pour la mémoire collective. Elles servaient en premier lieu à unir après avoir tué la figure d’unicité, à savoir le roi.
La fête de la Fédération (illustration 1) a été la première, un an jour pour jour après la prise de la Bastille, le 14 juillet 1790, organisée par les plus grandes municipalités de France. Il s’agit d’un immense rassemblement pour lequel bourgeois et paysans travaillent main dans la main. En ce jour, les plus hauts placés prêtent serment
à la nation et à la loi. La Fayette y aurait déclaré : « demeurer unis à tous les Français
par les liens indissolubles de la fraternité »6. C’est en 1880 qu’elle sera déclarée fête nationale. Cependant, le peuple se divise en deux quant à cette fête nationale : les conservateurs veulent célébrer la fête de la Fédération de 1790 et les républicains préfèrent célébrer la prise de la Bastille en 1789. La loi, de ce côté-ci, ne prend pas parti et ne fixe aucune date précise. Selon Mirabeau7, « Il nous est permis d’espérer que nous recommençons l’histoire des hommes, ». Elle donne, en quelque sorte, de l’espoir.
La Révolution, en ce sens, est aussi porteuse d’espoir : elle fournit une utopie réalisable, que le peuple aime à se remémorer. À travers cette fête fédérative, le peuple commémore et célèbre l’espoir d’un monde meilleur tout en raccommodant le tissu déchiré
de la nation. Cette fête nationale reste un symbole fort d’unité de la nation encore aujourd’hui.
Un autre exemple de fêtes plus contemporain est la fête de la Musique.
Saviez-vous que cette fête a été instaurée suite à l’élection de François Mitterrand ?
Le 10 juin 1981, André Henry, nouveau ministre du Temps libre, décide d’organiser
une grande fête à Paris pour célébrer l’arrivée de Mitterrand au pouvoir. « La fête
de la musique et de la jeunesse »8 est à l’époque un concert gratuit rassemblant plus de 100 000 personnes. Des célébrités comme Jacques Higelin ou encore Téléphone
se produisent Place de la République. L’année suivante, l’idée est reprise par le ministre de la Culture, Jack Lang, et s’inscrit dans les fêtes nationales. La « Faites de la musique » est donc célébrée pour la première fois en 1982, le 21 juin, jour du solstice d’été. Musiciens et public s’unissent alors dans les rues, transformant la France en un immense festival. Parcs, écoles, rues, bars, restaurants... chaque espace devient salle de spectacle. Elle est voulue comme une immense fête nationale, libre et joyeuse, représentative
du nouveau régime politique. Aujourd’hui, cette fête est célébrée dans plus de 120 pays et représente environ 18 000 concerts chaque année. 43 ans après, l’événement ne fait que croître rappelant dans la mémoire collective, l’événement créateur de cette fête nationale.
Cette fête grandeur nature rappelle les caractéristiques des festivals d’aujourd’hui : un spectacle présent partout, sur scène ou dans la rue. Elle est l’incarnation
d’une utopie, une nouvelle manière d’être au monde le temps d’une soirée, d’un week-end ou d’une semaine. C’est après la Seconde Guerre mondiale que les festivals s’emparent du monde, non plus pour se faire la guerre, mais pour célébrer les arts et la paix.
Le terme festival apparaît en France pour la première fois en 19299, mot emprunté
à l’anglais, suite aux premiers rassemblements de chorales vers 1830-1840
en Angleterre (mouvement orphéonique). Par la suite, des rassemblements autour
de la culture (théâtre, art, opéra, chant, performance, ...) font leur apparition un peu partout en Europe, comme le Festival Beethoven de Bonn (1845), les Chorégies d’Orange (1869), les festivals de Bayreuth (1876) ou encore celui de Salzbourg (1920).
Le Festival de Bayreuth apparaît en 1876 en Allemagne. Il s’agit d’un festival d’opéra créé par Richard Wagner : le Bayreuther Festspiele. À travers ce festival, Wagner souhaite réaliser « l’opéra de l’avenir » comme une œuvre d’art totale. Suite à une dispute avec son mécène et mû par le désir d’indépendance financière et artistique, il part
à la recherche d’un lieu pouvant accueillir son idée du festival. Après plusieurs visites
de théâtres décevantes et grâce au soutien de la ville de Bayreuth, il décide de construire un théâtre entièrement nouveau (illustration 2). C’est le 13 juin 1876 qu’a lieu la première édition. Malgré des problèmes financiers au lancement et une mise au service pour
le régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale, le festival de Bayreuth existe encore aujourd’hui et reste l’un des festivals le plus prestigieux. Beaucoup de participants doivent attendre jusqu’à 11 ans pour obtenir des places : la demande est effectivement dix fois plus élevée que le nombre de places disponibles. Albert Savignac écrivait
en 1897 : « On va à Bayreuth comme on veut, à pied, à cheval, en voiture, à bicyclette, en chemin de fer, et le vrai pèlerin devrait y aller à genoux. »10 Cette dévotion sans limite témoigne de la capacité de ce festival à inventer un nouveau culte culturel. Aujourd’hui, ce festival est toujours considéré par certains comme un pèlerinage moderne et possède tout un rituel autour des pièces de théâtre. Cette ritualisation est reprise dans d’autres festivals plus contemporains et apporte une dimension plus marquante au festival.
En France, un des festivals précurseurs des festivals de musique est le Festival
des Chorégies d’Orange. Cet événement, créé en 1869, est consacré à la musique classique et à l’art lyrique. Son nom, issu du grec choreos, rappelle les origines
gréco-romaines de l’événement, tout en étant lié au lieu. Le festival investit un ancien théâtre antique dont la restauration avait commencé en 1825. En 1971, il se renouvelle
en investissant un nouveau lieu, le Festival d’Avignon, et se concentre alors exclusivement sur l’art lyrique. L’événement se tient durant les mois de juillet ou août, avec six soirées de représentations. C’est à ce moment-là que le festival parvient à une renommée internationale. Ce festival se veut populaire : il laisse les répétitions générales ouvertes au public et organise des visites des Chorégies. Aujourd’hui, c’est l’un des grands festivals de théâtre en France. Pour des raisons financières, il demande actuellement une reconnaissance au patrimoine culturel de l’UNESCO.
La fête et le festival, bien que différents dans leurs formes et leurs origines, partagent une fonction commune : unir les individus, transmettre une mémoire collective, et offrir une vision d’espoir ou de renouveau. Leurs dimensions politique et sociale en font
des vecteurs puissants de cohésion et d’expression culturelle. Le festival tout comme la fête, qu’il soit international, nationale, local, est donc politique et social. Le festival est force de renouvellement puisque chaque édition se doit d’avoir sa particularité,
ses séquences mémorables, ses performances exceptionnelles, ses débats,
et ses rencontres artistiques inédites. Les festivals sont une opportunités pour
des communautés de se créer autour d’un intérêt commun. Ils permettent aussi
aux cultures plus marginales d’exister en aménageant des espaces alternatifs
et de s’implanter durablement dans le temps, comme par exemple le festival Burning Man, qui offre une plateforme d’expression pour des formes artistiques non conventionnelles et encourage des modes de vie alternatifs autogérés.
La fête et toutes ses formes festives permettent deux aspects essentiels
à une société : le lien social entre ses membres et la diffusion politique. En effet,
quel que soit le régime politique d’un pays, y compris les dictatures, les fêtes existent. Elles sont des éléments clés de la monstration du pouvoir pour établir une société,
une des formes de soft-power. Elle permet de fixer une date marquante tel que la fin d’événements tragiques. La fête contribue ainsi à entretenir la mémoire collective.
Que ce soit à travers des jours fériés, des commémorations ou des célébrations festives, le résultat est le même : un moment dédié à la célébration d’un événement passé.
Si la fête permet de conserver et de transmettre des souvenirs, elle est aussi
un puissant vecteur de cohésion sociale. C’est une réelle école car le jour de fête,
on se remémore, on partage, on apprend. Comme l’a dit Descartes « On ne parle bien
à l’âme que par les sens. »11, le caractère communiant et impressionnant de la fête touche chaque être humain. Les leçons morales et pédagogiques sont donc ancrées dans l’esprit de tous grâce au caractère festif et collaboratif de ces événements. L’anthropologue Emmanuelle Lallement affirme le caractère essentiel de ces rassemblements : « Nous sommes des êtres sociaux qui avons besoin d’aller au-delà de l’entre-soi »12, insistant sur le fait qu’il est important de pouvoir sortir de sa sphère familiale. La fête constitue un élément essentiel de fondement et de renforcement des liens dans les sociétés humaines.
Cependant, ces rassemblements ne sont pas exempts de critiques, qu’elles soient économiques, sociales ou morales. Certains historiens expliquent que ces événements gomment les aspects négatifs et ne conservent que les positifs. D’autres estiment
que de tels événements pourraient inspirer et être porteurs de nouveaux projets. Des fêtes réservées uniquement aux femmes (La Bringue), aux bourgeois (le grand bal masqué de Versaille), ou encore des événements organisés pour les communautés LGBTQIA+ (Gay Pride), sont autant d’exemple de fêtes issues de communautés minoritaires
qui font leurs apparitions. La performance réalisé par Philippe Katerine, Tableau festivité13 pour la cérémonie d’ouverture des JO, (illustration 3) a fait polémique.
Diffusée et vue par le monde entier, elle a permis de propulser le débat concernant
la place des minorités trans-sexuelles et drag queens et d’en affirmer leur légitimité.
La fête permet ainsi la revendication identitaire de ces minorités, la reconnaissance
des droits de ces communautés et la lutte contre les discriminations. Elles permettent à l’individu de se retrouver au sein d’une communauté et d’abandonner, le temps
d’une soirée au moins, un sentiment de solitude.
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui critiquent l’intérêt de ces fêtes, notamment en raison de leur nombre, du point de vue économique (jours fériés) mais aussi moral. En effet, ces fêtes se transforment souvent en événements nocturnes avec toutes
les dérives associées : alcool, drogues, sexe, etc. Lors de la crise de la Covid-19 Emmanuel Macron, a affirmé : « il faut qu’on réussisse à réduire nos contacts un peu inutiles, les plus festifs. »14 Dans cette situation de pandémie, les rassemblements festifs ont ainsi été interdits. On remarque qu’ils ne se sont pourtant pas arrêtés :
bien que limités, ils sont devenus clandestins et parfois chaotiques. Cela démontre
le caractère essentiel et inévitable de ces rassemblements.
La fête permet au festivalier une rupture avec son quotidien, un moment
qui catharcise et permet ensuite à l’ordre de revenir. La fête est tout ce que le quotidien n’est pas : grandiose, exceptionnelle, effervescente, excessive, intense et parfois chaotique, … mais toujours éphémère.
Dans le cadre d’expérimentations en pratique plastique, j’ai cherché à comprendre ce que chacun recherche dans la fête en général.15 Pour ce faire, j’ai donc recueilli
des témoignages de mon entourage pour ainsi les retranscrire sous la forme
d’une collection de collages. « La fête c’est un tourbillon de pensées, de couleurs
et d’adrénaline : tout s’accélère et je lâche prise » Eva G. (illustration 4) J’ai cherché
à retranscrire graphiquement les émotions et impressions vécues, en partant à chaque fois d’une partie du corps humain (yeux, cœur, bouche, etc .). Les notions évoquées rejoignent celles citées ci-dessus : il était question de lâcher-prise, de légèreté, de chaos libérateur, d’explosion des sens. Quel que soit le contexte et le cadre de la fête, allant
de la soirée d’appartement à deux aux festivals rassemblant plus de 10 000 personnes, il est amusant de constater que les effets recherchés restent relativement proches.
L’usager vient chercher un tout qui puisse le transporter hors de son quotidien
et, par digression, hors de lui-même. A l’extrème du spectre, on trouve certains usagers
a la recherche d’un état second. Contrairement aux idées reçues, l’état second ou état
de transe n’est pas obligatoirement associé à la prise de substances. Il n’est pas forcément associé à la fête, il peut être atteint par différentes méthodes telles
que la méditation, l’hypnose, la danse ou encore la musique. De plus l’état second fait partie des pratiques cérémoniales ou festives, parfois très anciennes, telles que les rituels anciens,
les fêtes religieuses ou les danses tribales. Ce phénomène peut se traduire physiquement
par une relaxation musculaire, parfois une modification de la température corporelle ainsi qu’une modification de la perception sensorielle. Il permet une déconnexion de la réalité et une diminution de la conscience de soi. D’après le physicien et psychothérapeute Jean-Michel Fitremann16, l’état de transe est un état de conscience qui n’est
pas celui d’une réflexivité ou d’une attention à soi. C’est l’idée de pouvoir sortir de soi.
L’état second est recherché pour sa capacité à offrir une déconnexion totale, dans
une société marquée par la surcharge sensorielle et émotionnelle à travers ses caractères opposés à toute notion de quotidienneté.
La recherche d’un état second concerne une minorité de fétard, et certains d’entre eux cherchent à l’atteindre via la consommation de substance, comme l’alcool
ou la drogue. Cependant, il est important de ne pas en faire une généralité. En effet,
la grande majorité d’usagers de ces fêtes sont dans une quête de cohesion de groupe,
de sentiment d’appartenance à une communauté. C’est egalement une façon
de participer à un referentiel commun extra-ordinaire pour se construire en tant qu’individu au sein de relations et de moments de partage. En conclusion, une grande majorité est donc à la recherche de création de souvenirs hors du quotidien pour ainsi construire une histoire commune, son histoire.
D’après une analyse socio-économique, les festivals sont classés selon 7 grandes catégories en fonction de leurs publics cibles et de leurs financements.17
Les festivals emblèmes se caractérisent « par une offre, une fréquentation et un budget nettement plus élevés que les autres. » Ils regroupent les grands festivals bénéficiant
d’une reconnaissance nationale et ont un fonctionnement relativement similaire entre eux. A l’autre extrémité du spectre, les petits formats regroupent des festivals certes plus petits, mais aussi plus accessibles et caractérisés par une diversité de formes
et de propositions plus importantes. Ils « ont un taux de subvention très élevé (63%) pour un budget de fonctionnement deux fois moins important que la moyenne ».
Dans ces festivals les participants sont attirés par une programmation large. Le mélange d’artistes grand public et emblématiques souvent proposé permet une expérience inclusive. Ces événements favorisent le sentiment d’appartenance
à une large communauté. Souvent ces communautés sont reconnaissables par leur style vestimentaire homogène. C’est le cas, par exemple, du festival Coachella, dont le nom est devenu synonyme de style vestimentaire boho-chic, ou encore du festival Hellfest, reconnu pour son style vestimentaire alternatif. Elles sont également très présentes
sur les réseaux sociaux. Leur point commun se trouve dans un style musical
et les artistes qu’ils apprécient.
L’organisation est également une caractéristique majeure de ces rassemblements : des lieux fermés avec des entrées et sorties définies, des parcours bien pensés pour les usagers, et une sécurité omniprésente. En effet, compte tenu du nombre élevé
de festivaliers ainsi que de l’immensité des lieux, elle est nécessaire pour permettre
le bon déroulement de l’évènement.
Par ailleurs, une des principales caractéristiques de ces grands festivals
est le budget très conséquent, allant de plusieurs milliers d’euros à des millions. Ainsi l’édition 2019 de We Love Green, (illustration 5) a eu un budget de 7 millions d’euros.18 Un autre élément caractéristique est le prix du billet souvent élevé. Ce prix s’explique en partie par la programmation composée d’artistes connus ou très connus, et donc coûteux. S’ajoute à cela la logistique nécessaire autour des artistes qui viennent
des quatre coins de la France et du monde. Elle inclut les déplacements, le catering
et les logements des artistes et de leurs équipes. Ces coûts peuvent atteindre
des dizaines de milliers d’euros, comme par exemple la rappeuse Shay (Belgique) pour We Love Green 2024 (Paris). (illustration 6) Ces festivals se déroulent souvent dans des lieux vastes, conçus pour accueillir des milliers de personnes, ce qui entraîne d’importants coûts d’aménagement. (illustration 7) Une grosse partie du budget
est donc consacrée à ces installations, que ce soit pour l’achat de matériel
ou le recrutement de personnel. En plus de l’appui des bénévoles, ces festivals requièrent également l’intervention de nombreux professionnels : des designers graphiques,
des techniciens en tout genre (lumière, son, ...), la sécurité et bien d’autres. Les aspects techniques sont souvent multipliés par 3 ou 4 en raison de la présence de multiples scènes.
La lumière, en particulier, est un élément central dans l’univers des festivals emblèmes. Elle joue un rôle à la fois esthétique et fonctionnel, renforçant l’immersion des festivaliers dans un spectacle complet. Dans ce cadre, j’ai réalisé une édition
sur la lumière,19 explorant ses différents domaines d’applications, depuis la lumière divine jusqu’à la luminescence des plantes. Jouant sur les aspects divers et variés que prend la lumière sous sa forme la plus insondable, j’ai travaillé sur ces différentes notions pour réaliser un assemblage graphique (illustration 8) permettant de prendre en compte l’aménagement lumineux de l’espace du festival dans sa totalité et non juste la scène, habituée des lumières. Les jeux de lumière participent à l’émerveillement des festivaliers, en transformant les espaces en lieux immersifs et spectaculaires. La lumière a également une fonction pratique : elle guide les flux de personnes, structure l’espace et met en valeur les performances artistiques, assurant une expérience optimale pour
le public. Elle est donc à la fois un outil technique et un vecteur d’émotion.
En conclusion, ces festivals largement connus et très prisés, se distinguent par leur taille et leur rayonnement, attirant un public large. Un important travail est fait autour de ces festivals pour leur apporter une identité graphique et une image de marque largement diffusée, y compris sur les réseaux sociaux.
Il s’agit de festivals qui se manifestent sous des formes plus diverses. En effet,
des festivals militants aux festivals des arts du cirque, en passant par ceux concentrés sur un style de musique moins repandu, ils sont certes plus petits mais proposent
une diversité d’activités et de formats. On retrouve ainsi des festivals comme
Les Nuits de la Roulotte, (illustration 9) festival de musique tzigane, ou encore La Briche Foraine, (illustration 10)festival des arts de rue. La plupart du temps, ces événements se veulent accessibles et populaires, avec un niveau de prix relativement bas, parfois participatif. Portés par des associations ou collectifs à but non lucratif, ils sont souvent financés par des institutions publiques (mairie, région, etc.), ce qui permet de proposer
une programmation culturelle de qualité. Ne cherchant pas forcément le spectaculaire
et l’impressionnant, ils se revendiquent comme un regroupement chaleureux
et un moment de partage. Ils sont plus accessibles avec une programmation pensée
pour accueillir toute la famille, parfois en lien avec des structures éducatives et sociales.
Le budget abordable s’explique aussi par la taille et par les moyens souvent calculés pour être au plus bas, avec une participation massive de bénévoles. Les stands sont bien souvent faits maison en réemployant des matériaux. Les festivaliers, fréquemment impliqués dans l’organisation ou le bon déroulement de l’événement (bénévolat, ateliers participatifs), sont généralement respectueux des lieux. La taille réduite
et la convivialité de ces événements permettent des échanges plus simples et spontanés entre participants. Cela peut mener à la formation de réseaux ou de liens durables, particulièrement dans le cadre de communautés marginalisées ou peu représentées ailleurs.
Ces festivals, aux moyens réduits, ne peuvent pas investir dans des dispositifs
de sécurité aussi poussés que ceux des grands festivals ‘emblèmes’. Ils se déroulent dans des espaces publics ou des lieux atypiques (places, champs, friches urbaines) avec une sécurité réglementaire minimale : les participants peuvent plus facilement entrer
et sortir. Ces éléments mis bout à bout créent une ambiance détendue mais nécessitent une confiance entre organisateurs et festivaliers, pour ainsi éviter le débordement.
Ces festivals ‘petits formats’ génèrent un sentiment d’appartenance pour des publics partageant des centres d’intérêt ou des valeurs similaires. Ciblant un public bien précis et accueillant donc des typologies de groupes plus restreints que ceux dits ‘emblèmes’, ils favorisent une homogénéité des festivaliers.
Dans l’objectif de comprendre et de cerner ces deux catégories, j’ai réalisé,
dans ma pratique plastique, deux éditions (illustration 11) telles une plongée immersive dans leurs ambiances.20 Tandis que l’une reprend les codes graphiques institutionnels, l’autre traite de ceux plus artisanaux des petits formats. À travers une déstructuration
de la construction générale ainsi qu’une diversité accrue dans la représentation graphique, je suis venue traduire les caractéristiques de ces petits festivals.
En conclusion, ces festivals petits formats sont reconnaissables par leur accessibilité et leur diversité. En ayant une cible bien précise, ils permettent aux communautés
de se reconnaître et de créer du lien. Ces regroupements sont généralement encadrés et autorisés, il en existe cependant un certain nombre d’illégaux (rave parties).
Dans le cadre de mon projet de diplôme, il me semble plus intéressant et abordable de travailler avec un festival situé dans cette catégorie. Contrairement aux festivals emblématiques qui embauchent certainement des designers graphiques et pour lesquels le travail de communication et d’identité visuelle est déjà fait, cette catégorie n’en bénéficie pas. Le travail d’identité visuelle reste donc à approfondir, et la création est libre.
Un festival, bien qu’il ne soit pas forcément à but lucratif, ne peut vivre sans
son public, et dans une société basée sur l’image, son identité visuelle est donc un aspect essentiel. Dans le cadre des festivals, elle se compose de l’ensemble des éléments constituants ce dernier : le lieu, l’agencement d’espace, les affiches, le site internet,
le bloc marque, les goodies et encore bien d’autres font partie intégrante de cette identité.
Un festival investit, généralement, un lieu extérieur ou intérieur, en ville
ou à la campagne, pour une durée très définie. On pourrait penser à des choix aléatoires, mais il n’en est rien, car le lieu du festival a une importance majeure dans l’expérience recherchée et vécue par le festivalier. En effet, le lieu choisi par le festival fait partie intégrante de son identité et doit donc être investi et aménagé en conséquence.
Je vais ici explorer plusieurs exemples qui permettent de situer plusieurs typologies
de relations entre le lieu et l’événement.
Le Festival Jazz à Vienne se déroule, entre autres, dans le Théâtre Antique
de Vienne. (illustration 12) Il s’agit de l’un des plus grands théâtres urbains
de l’empire romain réhabilités. Chaque année, il accueille 7 500 festivaliers, désireux
de se replonger dans l’histoire gréco-romaine. Ce théâtre urbain permet une projection totale pour les spectateurs, grâce à l’acoustique incroyable permise par le théâtre, ainsi qu’aux gradins, rénovés comme à l’époque. Le festival de Beyrouth est le festival d’opéra le plus prestigieux, ayant également lieu dans un bâtiment empreint d’histoire. La particularité du théâtre de Beyrouth est d’avoir été construit en 1872 à la demande de Richard Wagner, le créateur du festival.
Ces deux exemples de festivals donnent à chaque festivalier une expérience immersive et complète pour ceux désireux de se replonger dans la culture romaines. Redonner vie à des lieux issus du patrimoine culturel permet alors de pérenniser
ces lieux d’exceptions. La cohabitation entre lieu antique et événements contemporains remet au goût du jour notre patrimoine et notre histoire commune.
Les festivals étant souvent en lien avec leurs lieux, on peut alors s’interroger
sur la puissance d’un festival dans un lieu quelconque. Est ce qu’un endroit sans histoire particulière, choisi uniquement pour des raisons organisationnelles, perd en force identitaire ? Je répondrais, qu’il n’est pas obligatoire d’avoir un lieu exceptionnel pour renforcer l’identité du festival, il est cependant nécessaire d’investir et de s’approprier le lieu.
La signalétique est un bon exemple d’investissement du lieu ; en effet elle permet, associée à sa fonction première : directionnelle ; d’investir le lieu, avec l’identité
du festival. Le festival We Love Green s’implante depuis 2018 dans une plaine
en foret. En lien avec ses engagements écologiques, le festival fait le choix en 2012
de travailler la signalétique en faisait appel au collectif Formes Vives.21 Comparée à celle d’aujourd’hui, plus industrielle et destinée à un public plus nombreux, celle
de 2012 à une dimension et un aspect beaucoup plus artisanal. (illustration 13)
Elle se veut collaborative et engagée, permettant notamment une fonctionnalité (orientation) et une transmission de valeurs écoresponsables. À travers l’utilisation
de matériaux écoresponsables (bois, recyclage) en accord avec les valeurs écologiques du festival, Forme Vives se positionne comme un acteur du changement. Elle ajoute une valeur esthétique avec son style brut et authentique, utilisant des typographies manuscrites et des couleurs naturelles, en harmonie avec le cadre extérieur. Le projet,
à travers des enjeux écologiques, sociaux, esthétiques et fonctionnels, pousse au respect
de l’environnement et à l’innovation. Une signalétique fédératrice qui enrichit l’expérience des festivaliers.
Certains festivals choisissent d’autres dispositifs, comme par exemple la création
d’une mini société à travers la mise en place de villes éphémères pendant la durée du festival.
Dans l’héritage du Burning Man et de sa très célèbre Black Rock City, (illustration 14) on retrouve le festival Tomorrowland et sa ville éphémère : Dreamville. (illustration 15)
Dans son édition originale en Belgique, l’idée de la ville éphémère est reprise pour accueillir et loger les festivaliers. Cette ville, appelée Dreamville, s’étend sur 78 hectares et fournit tout le nécessaire aux 38 000 festivaliers qui y résident chaque jour : supermarché, terrains de sport, piscines, divers espaces de camping (plus ou moins luxueux), allant même jusqu’au complexe hotelier haut de gamme. Elle recrée une réelle société alternative, permettant aux festivaliers de ne pas sortir de cette utopie durant l’entièreté du festival, si voulu. Tout est pensé et amené dans cette ‘ville’ qui fonctionne
par elle-même et apporte tout le nécessaire à ses ‘habitants’, des espaces de détente, un centre commercial, des endroits où pratiquer une activité physique, …
Ces villes éphémères recréent le temps du festival un véritable système économique et culturel tourné autour du festival. Elles permettent à la communauté la plus assidue de vivre ensemble le temps du festival tout en profitant de leur passion commune. L’expérience du festival est prolongée et pensée comme une bulle d’utopie dont
il ne faudrait surtout pas sortir, une parenthèse qui permettrait de se déconnecter
du monde extérieur pendant quelques jours. Cette utopie devient réalité par
la création d’une société alternative, une société de consommation du spectacle centrée
sur l’événement. Elle permet de souder une communauté forte de liens et de partage autour de l’expérience d’un rêve commun. On ne paye plus uniquement pour voyager le temps d’un spectacle mais pendant le temps du festival, une expérience complète
et forte, sûrement très fédératrice.
Ces différentes topographies de lieux, sont investies de manière tout autant diverse et variée par les festivals. Chaque lieu et choix d’aménagement apporte une expérience particulière pour le festivalier. Cette diversité de lieux a cependant comme point commun d’être investie uniquement temporairement. Même si certains sites, comme celui de Tomorrowland, laisse certaines installations ‘œuvre d’art’ à l’année, on parle
ici d’aménagement éphémère.
Cependant il existe certains festivals comme, par exemple, le Hellfest, qui grâce
à leur popularité et à leurs impact, ont pu investir un lieu durablement. En effet le Hellfest, créé en 2006, est l’un des plus grand, voir le plus grand, festival de métal d’Europe.
Il a investit depuis maintenant 20 ans un terrain extérieur de 26 hectares à coté
de Clisson, dans la région Nantoise. C’est aujourd’hui devenu un site touristique ouvert toute l’année sauf pendant la période du festival (entre avril et juin). Ce festival, devenu institution, attise les curiosités de tous. La ville de Clisson a mis cette dernière à profit
en proposant des visites guidées retraçant l’histoire du site du Hellfest. Ce lieu
est d’autant plus intéressant puisque de nombreux artistes sont venus enrichir
la thématique de la musique métal avec leurs œuvres d’art, transformant le site officiel
du Hellfest en un musée en plein air. (illustration 16)
En s’ancrant dans un espace permanent, le festival s’émancipe du caractère éphémère qui définit habituellement ce type d’événement, et renvoie une image d’intemporalité et de durabilité.Le festival devient alors une ‘institution’, un jalon culturel qui marque un territoire et s’inscrit dans l’histoire locale.
Qu’il s’agisse de lieux éphémères ou pérennes, l’investissement des espaces fait partie intégrante de l’identité des festivals. Un lieu chargé de sens et d’histoire peut naturellement enrichir l’expérience du festivalier. À l’inverse, lorsque le lieu choisi
est plus ordinaire, par nécessité technique ou organisationnelle, un travail plus poussé d’aménagement d’espace peut tout autant renforcer l’identité du festival. La signalétique ou encore la création de villes éphémères illustrent parfaitement cette démarche,
et offre aux festivaliers une immersion complète dans l’univers voulu. Ces choix, loin d’être anodins, soulignent la capacité des festivals à transformer les espaces qu’ils habitent temporairement et transporter ses festivaliers.
Aujourd’hui, il existe une multitude de supports de communication,
et les choix impactent directement le public. En effet, l’usager ne reçoit pas l’information
de la même manière selon sa façon d’être traitée. Réseaux sociaux, flyers, affiches, panneaux publicitaires ou même sous des formes plus originales telles que des tickets collectionnables, des devantures d’immeubles, des prestations : la communication est la première manière de se présenter à son public. Bien que la première approche identitaire d’un entité soit le logotype, dans le cas, notamment, des festivals elle n’est pas immuable. Étant, d’autant plus, souvent assez simple pour ce genre d’événements elle laisse alors place à une grande créativité permettant à chaque édition son identité propre de communication graphique.
Une des communications visuelles les plus populaires pour ce genre d’événement musical reste cependant l’affiche. En effet, tout en restant un outil accessible
et emblématique, elle apporte de la visibilité à l’événement, transmet rapidement des informations, s’adapte à divers supports et est un belle objet. Elle est souvent
à l’origine d’une multitude de déclinaisons par la suite, que cela soit digitalement,
via les réseaux sociaux, le site internet ou encore parfois l’application, mais aussi pour
les impressions comme les flyers, les panneaux de communication, etc. Cependant, de par la digitalisation des informations, les affiches ont moins d’enjeux informatifs
et peuvent se concentrer davantage sur l’esthétisme tout en renforçant l’identité
du festival.
Prenons, par exemple, l’affiche des Nuits Sonores22 pour sa dernière édition
en 2024. C’est le collectif Super Terrain qui s’est chargé de la réalisation. Au fil des années,
le festival a privilégié la recherche d’un spectacle visuel en délaissant le caractère informatif des affiches. C’est dans cette recherche que l’équipe de Nuits Sonores a commandé l’identité graphique du festival à ce collectif de designers plasticiens, qui avait été repéré lors d’une de leurs expositions. En effet, elles contiennent moins d’informations sur le festival à proprement parler, mais explorent davantage une approche graphique inspirée de l’esthétique industrielle.(illustration 17) Les affiches se distinguent par une esthétique expérimentale, mêlant formes géométriques, typographies originales et couleurs vibrantes. En jouant sur un graphisme abstrait, elles traduisent l’esprit urbain et l’univers musical principalement électronique du festival. L’affiche n’est donc plus un moyen d’informer les festivaliers, mais d’ancrer le festival dans son identité
et ses origines, à travers une affiche graphiquement forte de sens.
Il existe en dehors de l’affiche, une multitude de supports de communication
qui se doivent de représenter l’identité du festival. Certains d’entre-eux innovent
en proposant des approches originales à certains supports pour ainsi dépasser leur fonction traditionnelle. L’exemple du Burning Man illustre parfaitement cette démarche en réinventant un support classique et souvent sous-investi : le ticket d’entrée23.
Bien que considéré de tous comme un festival, il n’est en réalité que le rassemblement d’une communauté, chaque année, durant une période pré-définie. Ce ‘festival’ mondialement connu, fondé en 1986, crée en 2002 un système de tickets collectionnables (illustration 18). Bien que la majorité des billets soient aujourd’hui dématérialisés, il reste un support de communication essentiel. Il est en effet incontournable pour l’organisation de l’événement.
L’événement a choisi de renforcer l’expérience du festivalier dès la réception
du ticket, parfois des mois avant le début du rassemblement. L’idée du Burning Man était de faire participer sa communauté à la création d’un ticket transformé
en véritable « œuvre d’art », devenu par la suite un objet de collection. Ces tickets, aux dessins oniriques et figuratifs, retracent année après année l’histoire de cet événement. Adoptant un graphisme éclectique et expérimental, mêlant des éléments psychédéliques
et artisanaux, ils incarnent l’esprit artistique et libre du festival. Avec cette initiative,
le festival s’adresse directement à la composante même de son existence :
sa communauté. Ces tickets profitent aux deux parties : ils offrent de la visibilité aux artistes issus de la communauté tout en renforçant l’identité du festival. Une idée originale et forte de sens qui réinvente un des éléments organisationnels classiques pour enrichir l’expérience de l’usager tout en valorisant leur communauté.
Au-delà de l’identité propre à chaque festival, une communication visuelle efficace peut également jouer un rôle clé dans la mise en avant des engagements portés
par l’événement. Qu’ils soient sociaux, environnementaux ou culturels, ils participent activement à sensibiliser les publics et à renforcer l’impact du festival, en alignant
son image sur des enjeux contemporains majeurs. Prenons ici l’exemple du festival Hébé, créé en 2020 : il est engagé depuis dans la lutte féministe. Ce petit festival landais, proposant concerts, conférences, ateliers et plein d’autres activités, a été fondé
par l’association Team Sama. Les affiches ainsi que les déclinaisons sont produites chaque année par des femmes designers ou artistes engagées. Le lieu est également investi, par les différents aménagements d’espace et artistes qui s’approprient ce dernier.
Pour l’ensemble de ces quatre éditions, les affiches ont comme point commun de presque toujours contenir du violet, couleur connue de tous pour la lutte féministe, ainsi que des motifs floraux. Les fleurs, de par leur fragilité et leur beauté, sont souvent associées à la féminité. Ce symbole réapproprié dans la lutte symbolise la résistance et la résilience des femmes à travers le monde. L’affiche de l’édition 2024 reprend
des symboles forts de la lutte en général, comme le poing levé, le mégaphone
et le drapeau : éléments incontournables des manifestations. Un cercle de fleurs vient ici symboliser la solidarité des femmes dans ce mouvement, auxquel s’ajoutent
des éléments faisant référence au thème écologique de cette édition particulièrement. Le tout dans un graphisme illustratif contemporain réalisé par l’illustratrice engagée Jozi.
Ce style de dessin, à la fois naïf et épuré, utilise des formes simples, des couleurs vives et des illustrations symboliques pour transmettre un message engagé et inclusif, tout en évoquant une esthétique artisanale et chaleureuse. Par la séduction d’une belle communication, l’usager peut être davantage volontaire à s’engager ou à participer.
On peut, une fois immergé dans l’espace du festival, envisager d’autres supports visuels ou interactifs pouvant prolonger et renforcer le message véhiculé. Que ce soit pour la lutte pour l’égalité homme-femme ou pour toute autre cause, la communication permet d’accompagner les individus vers des comportements plus responsables
et un engagement accru dans des valeurs partagées.
Grâce à des stratégies graphiques singulières, des éléments souvent perçus comme purement fonctionnels, tels que le ticket d’entrée, deviennent une partie intégrante de l’identité du festival, tout en véhiculant ses engagements. À l’inverse,
des supports initialement conçus pour transmettre des informations, comme
les affiches, se transforment sous l’influence du numérique en objets esthétiques
qui renforcent l’identité et les valeurs de l’événement. En intégrant des éléments visuels porteurs de messages sociaux, environnementaux ou culturels, ces supports permettent de sensibiliser les festivaliers et de renforcer les engagements du festival. Ainsi, la communication globale d’un festival renforce non seulement l’identité
de ce dernier mais aussi son implication en alignant le graphisme avec les causes défendues par l’événement.
À travers ce voyage au cœur des fêtes et des festivals,
il apparaît que ces manifestations, bien plus que de simples moments de célébration,
sont des terrains d’expression où le design graphique joue un rôle central pour transmettre des valeurs, créer des identités fortes et engager des communautés.
Des fêtes révolutionnaires aux festivals contemporains, en passant par les premières formes de rassemblements publiques et laïques, cette note de synthèse analyse
les origines et l’évolution des fêtes. Sous une forme plus moderne, les festivals
ont aujourd’hui un réel impact sur notre société. Bien loin des stéréotypes de chaos,
ces événements, que l’on pourrait définir comme des catharsis contrôlées, agissent comme une forme de soft power, capable de véhiculer des messages ancrés durablement dans les esprits. La fête, par sa capacité à marquer les mémoires, constitue à la fois un vecteur de cohésion sociale et un espace de renforcement des liens humains, comme l’a démontré la crise du COVID-19 en soulignant le caractère essentiel
de ces rassemblements.
Classés par catégories et encadrés par les festivals ‘emblèmes’ et les ‘petits formats’ ; ces événements séduisent une population diverse. Les plus grands festivals créent un sentiment d’appartenance à une communauté majoritaire, tandis que les plus petits offrent aux communautés plus restreintes un espace d’expression et de solidarité, créateur de liens.
Enfin, à travers une analyse des éléments identitaires des festivals, cette note
de synthèse met en lumière le rôle du design graphique. Les supports de communication ciblent un public spécifique, immergent les festivaliers dans l’univers du festival,
et véhiculent des engagements tout en incitant à des comportements responsables. Cette communication se prolonge au-delà de la préparation, jusqu’à l’investissement
et l’aménagement des espaces, renforçant ainsi l’identité et l’impact du festival.
Dans cette perspective, mon projet de fin d’études s’inscrit dans une posture
de designer-penseur. Mon objectif est de collaborer avec un festival local et accessible pour repenser sa communication graphique. Ce travail englobera à la fois les supports en amont et les éléments graphiques sur place, afin de renforcer l’identité du festival tout en mettant en avant ses engagements, qu’ils soient sociaux, culturels ou écologiques. Cette communication visuelle questionnera les festivaliers afin d’encourager
des comportements plus responsables, en cohérence avec les enjeux contemporains.
Bibliographie
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Villemarest, Charles Maxime Catherinet de, Monsieur de Talleyrand, J.P. Roret, 1834.
Je tiens tout d’abord à remercier le Lycée Argouges et son équipe enseignante pour la mise à disposition du matériel nécessaire ainsi que pour leur accompagnement tout au long de ce projet. Un merci particulier à Monsieur Bedelet, dont le soutien, les conseils et l’enthousiasme constant ont grandement facilité l’écriture de ce travail. Un grand merci également à Madame Balland pour sa relecture méticuleuse et son implication précieuse dans l’organisation de cet écrit.
Je souhaite également exprimer ma gratitude envers les bibliothèques universitaires de Grenoble et leurs équipes, pour la richesse des ouvrages qu’elles mettent à disposition et leur aide dans l’apprentissage des outils de recherche, qui ont été essentiels à la construction de ce projet.
Un merci du fond du cœur à Solange Rossato, qui, pour la deuxième fois, m’a généreusement consacré de son temps afin de m’aider à perfectionner mes écrits. Merci également à toute ma famille et mes amis pour leur soutien indéfectible, leurs relectures attentives et leurs encouragements tout au long de ce parcours. Une pensée particulière pour Eva, avec qui j’ai partagé de nombreuses heures de travail à la BU.
Je tiens aussi à adresser mes sincères remerciements à Loïs Siol, pour l’interview qu’elle a acceptée de réaliser avec moi, dont les réponses ont enrichi ma réflexion et mon projet. Enfin, je remercie mes camarades de classe pour leur gentillesse, leur bienveillance et leur investissement, qui ont transformé ce début d’année en une expérience riche et inoubliable.
1 Nicolas Grimaldi, L’Effervescence du vide, 2012, Grasset
2 Centre national de la musique, Bilan des festivals en 2024
3 Amadeo Lopez, La fête : solennité, transgression, identité, 2001, éditions CRICCAL, p. 5
4 Sigmund Freud, Totem et tabou, 1913, Petite bilbliothèque payot, p. 161
5 Mona Ouzouf, Fêtes revolutionnaires, 2005, Radio France
6 Charles Maxime Catherinet de Villemarest , Monsieur de Talleyrand, 1835, J-P Roret
7 M. Barthe, Discours et opinions de Mirabeau, tome 1, 1820, Caunes éditeur
8 Nikola Oberman, Le sens de la fête, 2022, Arte
9 Pascal Ory, L’histoire des festivals ou l’invention de l’utopie festive, 2020, France culture
10 Pascal Ory, L’histoire des festivals ou l’invention de l’utopie festive, 2020, France culture
11 Rene Descartes, Les passions de l’âme, 1649, chez Henry Le Gras
12 Emmanuelle Lallement, Le sens caché de la fête, conférence, 2020
13 Voir annexe, analyse de référence, Tableau festivité
14 Emmanuel Macron, Interview télévisée [...] sur la lutte contre l’épidémie de Covid-19, 2020, Vie publique
15 Voir annexe, collections de collage, les effets de la fête
16 Annie Flavell et Jean-Michel Fitremann, La transe thérapeutique, 2024
17 Aurélien Djakouane et Emmanuel Négrier, Festivals, territoire et société, 2021, DEPS
18 Musicbiz, Marie Sabot – We Love Green, 2024
19 Voir annexe, scintillements
20 Voir annexe, festivals, Part. 1 et Part. 2
21 Voir annexe, analyse de référence, We love green
22 Voir annexe, analyse de référence, Nuits Sonores
23 Voir annexe, analyse de référence, Burning Man